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[À vous de voir !] Lincoln, Happiness Therapy ou 7 psychopathes ?

Publié le 31 janvier 2013 par Anaïs

Cette semaine, j'ai décidé de me frotter à Steven Spielberg, qu'il n'est nul besoin de présenter, David O. Russell à qui l'on doit l'excellent Fighter et Martin McDonagh, le réalisateur du très remarqué Bons Baiser de Bruges.

Un match entre 2 nommés aux Oscars donc (Lincoln, Happiness Therapy) et un outsider (7 psychopathes) qui me semblait a priori couru d'avance. À tort.  


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Lincoln (Steven Spielberg)
Un zoom fastidieux sur le 2ème mandat de Lincoln et plus spécifiquement sur les manigances qui ont permis d'adopter le 13ème amendement et ainsi d'abolir l'esclavage. Le film explore donc les rouages de la démocratie et pose en cela une question éthique intéressante (jusqu'où peut-on, doit-on, aller pour défendre une cause qui nous semble juste ?) mais ne la développe malheureusement pas. Comme toujours chez Spielberg, la mise en scène est impeccable, la photographie, signée Janusz Kaminski, un de ses collaborateurs fétiches, sublime. Elles brossent toutes deux à la perfection le portrait intimiste du 16ème président des Etats-Unis. L'analyse historique ploie toutefois sous des dialogues interminables, redondants et démagogiques que seuls rattrapent les débats énergiques entre Républicains et Démocrates. Affreusement long, le film est sauvé in extremis par les prestations grandioses de Daniel Day-Lewis (charisme, diction, posture) et Tommy Lee Jones dont le talent seul nous maintient en éveil et qui méritent tous deux amplement un Oscar. En résumé, un Spielberg indigeste qu'il conviendra d'oublier au plus vite. En deux mots :intimiste et académique.
Le petit plus :les sériephiles avertis reconnaîtront peut-être le Lane Pryce de Mad Men (Jared Harris), le Adam de Girls (Adam Driver) et le mythique Shane Vendrell de The Shield (Walton Goggins).
N'hésitez pas si :
  • vous voulez découvrir les coulisses de l'adoption du 13ème amendement ; 
  • vous êtes fan de Daniel Day-Lewis ;
Fuyez si :
  • vous êtes fatigués (sieste inévitable) ;
  • vous pensez voir un biopic (le film ne retrace que les derniers mois de la vie de Lincoln) ;
  • vous désirez voir un film historiquement fiable* ;

*Spielberg passe en effet complètement sous silence l'aspect économique de la guerre de Sécession et édulcore en conséquence les motivations des uns et des autres. Ainsi, au respectable humanisme des abolitionnistes s'ajoute un non négligeable intérêt financier (protéger les industries du Nord), étrangement évincé par Spielberg dans le film. De même les Démocrates (et états du Sud) étaient majoritairement partisans de l'esclavage car ils en avaient besoin pour exporter leur production de coton. J'ai trouvé ces lacunes fort regrettables, surtout pour un réalisateur qui se dit passionné par Lincoln depuis son plus jeune âge...
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Happiness Therapy (David O. Russell)
La rencontre improbable entre deux êtres amochés par la vie : Pat, qui sort d'un hôpital psychiatrique après avoir perdu sa femme, sa maison et son travail et Tiffany, qui couche avec tout ce qui bouge depuis que son mari est mort. La force du film réside en fait dans son ton : franc, voire brutal et décalé. Il évoque ainsi les névroses (bipolarité, dépression) et tocs avec fraîcheur et légèreté, sans jamais tomber (ou juste ce qu'il faut) dans le sentimentalisme. C'est enfin une plongée émouvante dans une famille à la fois ordinaire et extraordinaire, composée de Robert De Niro, bluffant dans un rôle à contre-emploi (le superstitieux) et Jacki Weaver, merveilleuse dans le rôle de la maman sur-protectrice. Le reste du casting est tout aussi louable, à commencer par le tandem Jennifer Lawrence/Bradley Cooper qui fonctionne à merveille mais aussi les personnages secondaires (Julia Stiles, Chris Tucker). Une comédie aigre-douce savoureuse. Une rom-com qui s'annonce comme LA future référence du genre. 2h d'U.V. incroyablement bons pour le moral. Bref, un rayon de soleil (comme l'indique le titre original) à ne surtout pas manquer !En deux mots : décapant et juste.
Le petit plus : Angelina Jolie et Zooey Deschanel étaient pressenties pour le rôle de Tiffany mais c'est finalement Jennifer Lawrence qui a obtenu le rôle.
N'hésitez pas si :
  • vous cherchez un remède efficace à votre actuelle petite déprime hivernale ;
  • vous appréciez la série familiale Parenthood
  • comme moi, vous n'aimez pas Bradley Cooper (ce film va tout chambouler, du moins, durant 2h) ;
Fuyez si :
  • vous souffrez de migraines chroniques (c'est un film bruyant) ;

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7 psychopathes (Martin McDonagh)
Une comédie noire qui relate les folles aventures de Marty, un scénariste en mal d'inspiration. Pour l'aider dans son projet (intitulé 7 psychopathes) et ainsi lui faire quitter l'enfer de la page blanche, son meilleur ami décide d’appâter une ribambelle de déséquilibrés. Une mise en abyme (7 psychopathes raconte la construction d'un film éponyme) farfelue mais élaborée puisqu'elle-même composée d'autres mini mises en abyme (les diverses histoires des 7 psychopathes) qui pourra occasionner des "inceptionnites" aiguës chez les cinéphiles les plus fragiles. Si les dialogues délicieux et l'humour, grinçant à souhait, témoignent d'un réel effort d'écriture, le scénario demeure, lui, trop décousu pour happer complètement le spectateur. Un film au rythme également trop lent, compte tenu du sujet qui appelle à davantage d'action et que vient, seul, dynamiser le casting : mention spéciale pour Sam Rockwell et Christopher Walken. Bref, un métissage original entre Tarantino et les frères Coen à ne surtout pas prendre au sérieux pour pleinement l'apprécier.En deux mots :ironique et allumé.
Le petit plus :ne sortez surtout pas avant la fin du générique ! Martin McDonagh nous offre en effet un petit bonus inattendu entre Colin Farrell et Tom Waits.
N'hésitez pas si :
  • vous aimez les films complètement barrés ;
  • vous voulez voir Colin Farrell dans un autre registre que celui du beau gosse arrogant ;
  • vous voulez voir Tom Waits câliner des lapins ;
Fuyez si :
  • vous avez une préférence pour les scénarios classiques ;
Verdict ? Face à un 7 psychopathes réussi mais un poil confus et à un Lincoln éminemment décevant (alors même qu'il était mon favori), victoire aussi écrasante que surprenante (pour la hater des comédies romantiques que je suis) d'Happiness Therapy !
À vous de voir !

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