[À vous de voir !] Zero Dark Thirty, La Parade ou Comme un lion ?

Au menu de notre rendez-vous hebdomadaire cette semaine, trois films qui traitent des sujets d'actualité qui hantent le plus la presse (écrite, télévisuelle, numérique etc) et les esprits dernièrement : le terrorisme avec Zero Dark Thirty, l'homosexualité avec La Parade et l'immigration avec Comme un lion.

Trois bons films dans l'ensemble, avec un traitement de l'information certes différent (l'hyperréalisme pour Zero Dark Thirty, l'humour grivois pour La Parade et l'émotion pour Comme un lion) mais avec une efficacité réflexive somme toute égale.

- Zero Dark Thirty (Kathryn Bigelow)
Une immersion prodigieuse dans l'unité de la CIA chargée de localiser Oussama Ben Laden qui souffre d'une mise en scène trop impersonnelle mais qui jouit toutefois d'une tension formidable entre espoirs et fausses pistes. Il s'agit toutefois davantage d'une enquête pesante que d'une traque virevoltante. Les séquences d'action sont en effet très courtes (excepté la scène finale) et noyées dans des dialogues touffus et fastidieux. L'infiltration dans la résidence de l'ennemi public numéro 1 est en revanche, elle, une réussite totale : l'assaut donné par les Navy Seals est d'un hyperréalisme troublant et semble reconstitué en temps réel. Servi par un excellent casting (Jessica Chastain bien sûr mais surtout Jason Clarke !) et sublimé par un travail sur le son irréprochable, le film questionne l'héroïsme, la torture mais aussi et surtout la politique (Bush/Obama).En deux mots : consciencieux et laborieux.Le petit plus : Encore un film où les yeux des sérievores vont syncoper. Sont notamment présents : Michael de Lost (Harold Perrineau), Andy de Parks & Recreation (Chris Pratt), Eric de Friday Night Lights (Kyle Chandler) et Malcom de Ringer (Mike Colter). Points bonus pour ceux qui reconnaîtront Callan Mulvey aka Drazic d'Hartley cœurs à vif.N'hésitez pas si :

• vous désirez vivre les différentes étapes de la plus grande chasse à l'homme de l'Histoire comme si vous y étiez ;
• vous jouez à Counter Strike ou Call of Duty (auquel cas, l'assaut final devrait amplement vous combler) ;
• vous appréciez tout particulièrement le travail d'Alexandre Desplat (c'est lui qui a réalisé la bande originale) ;

Fuyez si :

• vous ne voulez/pouvez pas regarder des scènes de torture explicites ;
• vous voulez voir un film d'action ;
• vous êtes physiquement incapable de rester sagement assis (marche aussi avec concentré) pendant 2h30 ;

- La Parade (Srdjan Dragojevic)Une comédie loufoque dans laquelle un ex-mercenaire respecté de tous se voit forcé d'assurer la sécurité de la Gay Pride en Serbie et qui, pour ce faire, recrute d'autres grosses pointures en Bosnie, Croatie et Albanie. Un road-movie aussi hilarant qu'alarmant qui propulse les protagonistes sur le chemin de la tolérance. Bien que l'humour soit quelque peu grivois et que les personnages soient stéréotypés (les homosexuels sont précieux et pleutres, les hétérosexuels beaufs et idiots), le film est d'une telle tendresse que cela suffit à estomper ces quelques défauts. En outre, il émane des dialogues parfois maladroits et de l'ambiance truculente un charme certes claudicant mais fédérateur. Force est donc de s'incliner devant le civisme et le courage de Srdjan Dragojevic qui a mis plus de 3 ans pour réaliser ce film tant la société serbe est encore emprunte d'homophobie.En deux mots : drôle et bienveillant.Le petit plus : L'épilogue du film a été tourné en 2010 lors de la première Gay Pride serbe ou du moins, la première qui ait été "réussie" c'est-à-dire qui ait pu se dérouler dans son intégralité. Constituée d'environ 1000 militants, il a quand même fallu qu'elle soit encadrée de 6500 policiers pour faire face à la menace de 7000 opposants (principalement des hooligans et des néo-nazis).N'hésitez pas si :

• vous voulez passer un bon moment devant un film décomplexé ;
• vous n'avez encore jamais vu de longs-métrages serbes (c'est l'occasion !) ;

Fuyez si :

• l'humour gras et potache, très peu pour vous ;

- Comme un lion (Samuel Collardey)Le parcours bouleversant d'un sénégalais de 16 ans animé d'un rêve un peu fou – devenir footballeur professionnel pour pouvoir à terme jouer aux côtés des Lions (l'équipe nationale sénégalaise) – et prêt à tout pour voir ce rêve se réaliser. Entre fiction et documentaire, espoirs et désillusions, le film évoque les affres du football mais aussi et surtout l'immigration et la misère sociale. Bien qu'un brin consensuelle, l'histoire n'en demeure pas moins intéressante et émouvante. La seconde partie du film (la difficile intégration et la recherche d'un club) est toutefois moins captivante que la première qui relate, elle, l'arrivée en France et le désenchantement qui s'ensuit avec une finesse inouïe. Porté par un Marc Barbé bluffant et un Mytri Attal dont la soif de réussite transpire le vrai, un film lumineux que le dénouement hâtif et prévisible ne parvient pas à ternir.En deux mots : intrépide et rude.Le petit plus : Mytri Attal, qui interprète le personnage principal (Mitri Diop) fait ses premiers pas en tant qu'acteur dans le film. Il a été casté par Samuel Collardey au Sénégal alors qu'il jouait au football avec ses amis.N'hésitez pas si :

• vous désirez assister à un clasico abstrait entre rêve de gosse et dure réalité ;
• vous n'avez encore jamais vu de films doux-amer ; 
• vous aimez le foot/vous n'aimez pas le foot (peu importe car c'est un film avec du foot et non sur le foot) ;

Fuyez si :

• les success-story un tantinet naïves ne sont pas du tout votre tasse de thé ;
• vous espérez voir des stars du football en guest (Ibrahimovic et Rooney apparaissent bien mais floqués sur des maillots et Cristiano Ronaldo, lui, uniquement en photo) ;

Verdict ? Courez voir La Parade ! Et si toutefois il vous reste du temps libre, laissez-vous porter par Comme un lion pour qui j'ai une légère préférence et qui ne sera qui plus est pas longtemps à l'affiche contrairement à Zero Dark Thirty que vous aurez, lui, tout le loisir de voir d'ici mi-février.
À vous de voir !