exercice proposé par " des papous dans la tête " consigne : texte libre, mots imposés, en gras dans le texte ..
Violetta, les joues roses de plaisir et le chignon de travers, avait traversé le verger en courant pour annoncer, hors d'haleine, la grande nouvelle :
- " Tony Tony viens voir, le cerisier est en fleurs ! vite vite un pique nique ! "
Violetta ne vivait que par le Japon et pour le Japon - geisha dans une vie antérieure ? - elle en était persuadée.
- " faisons hanami ! ".
Mais qand on habite un tout petit hameau perdu au fin fond de la Creuse, l'exercice relève du fantasme et la version " saucissson-jambon- fromage-vin rouge " n'a pas l'exotisme décoiffant du pique-nique " sushi-yakitori-sashimi-saké " . Quant au wasabi de Dijon, il n'est pas pour l'instant la priorité de nos chers moutardiers bourguignons.
Qu'importe et comme dit le proverbe :
" あなたは同様にイワシを求めることができる、それが唯一の信仰の問題である " !
Tony et Violetta s'étaient rencontrés dans une salle obscure - un film sur le Japon ! -.
Violetta rêvait déjà de sanctuaires shinto, Tony lui, c'était plutôt Japon = motos, alors kawasaki ou Takita même combat, non enfin ... pas tout à fait, il avait été extrê-me-ment déçu - " la technique des Jap's, c'est plus c'que c'était ! " -
La soirée n'avait pas été cependant, complètement fichue, il avait trouvé Violetta !
Pour lui être agréable, il s'était essayé aux arts martiaux, mais il était un bien piètre judoka.
Violetta dessinait, peignait des paysages enneigés, de magnifiques bouquets de pivoines, ses fleurs préférées ; elle maniait le pinceau avec une dextérité digne des grands maîtres et calligraphier était pour elle une source de plénitude et de joie.
Le temps passait et Tony s'ennuyait ferme. Hermétique à la philosophie nippone, l'enseignement shintoïste, la méditation et autres koan étaient pour lui, ce que le couteau est à la poule : une énigme !
Elle avait commencé à douter de son état mental lorsqu'il lui avait montré une reproduction de l'arche de Noé sur le mont Ararat en lui affirmant, le regard complètement halluciné : " un baleinier sur le mont Fuji ! ".
Pour le calmer, elle l'avait initié à l'origami. Peu doué, il était resté longtemps au stade de la cocotte en papier puis avait testé la grue. Et, docilement, tandis que Violetta s'occupait de Manga son bonsaï adoré, avec un amour confinant à l'idôlatrie, il pliait des grues en papier sans relâche .
Bien que bas de plafond et peu réceptif aux principes de sagesse extrême-orientale, il avait quand même eu une petite idée en tête. Il avait découvert le proverbe : " Quiconque plie mille grues, verra son voeu s'exaucer ".
Evidemment comment expliquer à sa geisha que son truc à lui c'était le Brésil et sa musique, son carnaval et ses " dames ". Il se doutait bien qu'habitant dans la Creuse il avait autant de chance de devenir danseur de carioca que sa Violetta périr engloutie par la grande vague de kawasaga ; c'est pourquoi un peu de surnaturel ferait peut-être pencher la balance en sa faveur, un p'tit coup pouce du destin en somme !
Mais Violetta avait prévenu :
- " Tu ramènes une brésilienne endimanchée et transformes le jardin de méditation en sambodrome de Rio, je te fais passer le Torii à la vitesse du Tsunami, parole de geisha ! ".
Hmmm de l'hara-kiri dans l'air !
...
P.S. : illustration : emprunt Google.