Pour certains, l'espoir des « siècles des lumières », était d'éradiquer l'expression des croyances, ce fut
l'espoir en une sorte de dictature de la raison. Ensuite, comme Lord Kelvin, on a même pensé que la connaissance humaine arrivait à son terme... !
Le progrès de la connaissance entraîne l'augmentation de la connaissance ( ou croyance...) par délégation.
La frontière entre croyances et connaissances n’est pas toujours simple à tracer, G Bronner envisage de montrer que les deux relèvent de la rationalité. Cependant, il ne faudrait pas en conclure qu’il aboutit à un relativisme extrême où l’on considère que « tout vaut tout »
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Il nuance la thèse du désenchantement du monde. Il n’est pas vrai que chaque avancée de la connaissance entraîne un recul des croyances ; bien au contraire, les deux progressent de conserve, d’une part parce que certaines croyances restent utiles dans la vie de tous les jours, d’autre part parce que chaque progrès des connaissances ouvre le domaine des possibles et génère de nouvelles croyances.
A côté de la « croyance » ordinaire et pratique, se répand la « crédulité »... Il serait intéressant d'en connaître la limite entre l'une et l'autre.
Dans « La démocratie des crédules », G Bronner (*) décrit le phénomène du groupe qui a tendance à se ranger derrière une personne qui semble en savoir plus qu'eux... Et là, la connaissance pourrait rompre cette unanimité …La production gigantesque et sans cesse croissante d’informations invérifiables sur l’Internet et leur accès immédiat et universel permettent aux croyances, les plus bizarres parfois, de se répandre en épidémie et de s’ancrer dans bien des esprits.
Bronner voit «le faux» et «le douteux» s’immiscer partout dans l’espace public, comme si nous vivions déjà et, sans le savoir, sous le régime décadent de «la démocratie des crédules» Partout, les explications simples ou plutôt simplistes - «mono-causales» - s’imposent devant l’irruption du réel, comme si nos esprits se laissaient gouverner par des formules rassurantes : «il n’y a pas de fumée sans feu», «tout est lié», «rien n’arrive au hasard», ou encore «cela cache quelque chose»… La théorie du complot – ce «nihilisme mental» - semble régner en maître et avilir nos intelligences. Nul n’est à l’abri, aucune couche sociale, pas même les plus éduquées :«Il n’y a pas corrélation claire, explique Bronner, entre niveau d’études et vision perspicace du monde.»
(*) Gérald Bronner est Professeur de sociologie à l'université de Paris Diderot (Paris 7) et membre de l'Institut Universitaire de France.