Magazine Journal intime

Conte pour Pythagore (2)

Publié le 14 avril 2008 par Stella

Nous sommes lundi, jour de réunion… J’avais commencé ce petit paragraphe dès vendredi, ce qui va me permettre d’écrire la suite dès aujourd’hui. Voici donc la deuxième étape de ce conte pour… poisson-rouge.1208184164.jpg

De près

Comment faire pour entrer dans une maison sans porte ? Le plus simple, c’est encore de chercher la porte. Parce des maisons qui n’ont pas de porte, sans vouloir citer Robert Desnos plus que de raison, ça n’existe pas… ça n’existe pas… Je la découvris effectivement au 30 de l’avenue de Messine.

Elle était telle que je l’avais imaginée : en bois clair, à double vantail, avec une grosse poignée de cuivre. Une vraie grosse porte d’immeuble, bien fermée. Je laissais courir mes yeux sur la façade salie. Le rez-de-chaussée était toujours aussi rébarbatif. Des rideaux bonne-femme dans les tons beige-grisé donnaient une vague idée du goût de l’occupant(e) en matière de décoration intérieure. Autour de la lucarne centrale, à l’entresol, deux cariatides bien en chair, genre « La Moisson » et « Les Vendanges » faisaient semblant de soutenir le balcon du 2ème étage. Sinon, ce n’était que volets clos jusqu’en haut, où le mystérieux habitant étalait sa série de baies vitrées et quelques plantes.

Vous avez remarqué que le désir croît proportionnellement aux difficultés que nous rencontrons pour le réaliser. Un banc vert lavé, pas trop maculé de crottes de pigeon, me tendait les bras presque en face de la porte. J’y pris place, un sandwich en forme d’alibi dans une main. Il n’y a guère que dans les romans d’Arsène Lupin où le regard du cambrioleur se pose inopinément sur une clef tombée entre la grille d’un arbre. Devant le 30 de l’avenue de Messine, certes il y avait des arbres, mais pas l’ombre d’une grille.

Une averse plus tard, j’en étais toujours au même point. Prise d’une brutale envie d’agir, je me levai et allai composer un code au hasard. Non, il n’y a que dans les romans que la fortune sourit aux audacieux.

C’est ainsi que les jours succédèrent aux nuits. Je n’osais pas trop prendre mes petites habitudes, sur ce banc, de peur d’être repérée et parce que les sandwiches, ce n’est pas très bon pour la ligne. J’échafaudais des plans plus extraordinaires les uns que les autres, dont certains n’auraient pas fait honte à Albert Spaggiari. Mais les mois passaient. Indifférents.

Bien sûr, parce que sinon cette histoire n’aurait pas lieu d’être, j’ai fini par arriver à mes fins. Oh, tout bêtement… Depuis que j’avais décidé de faire un détour par cette bonne vieille portetous les matins en sortant du métro, je passais donc sous son nez d’un pas professionnel vaguement méprisant, lorsque brusquement elle s’ouvrit pour laisser passer une ménagère à cabas. En un clin d’œil, je me glissais dans l’embrasure. J’y suis !


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