Le pape François et les militaires argentins.

Publié le 18 mars 2013 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Ceci n'est pas le Pape donnant la communion au Général Videla !


A peine le nouveau Pape avait-il pris ses fonctions, que sont (ré)apparues des accusations concernant son attitude sous la dictature militaire argentine, à la fin des années 70. Pendant ces années « de plomb », comme au Chili, au Paraguay, en Uruguay, au Brésil, les militaires avaient pris le pouvoir, pourchassant notamment les militants d’extrême-gauche, avec force tortures, emprisonnements, disparitions. Il est tentant de « casser » l’ambiance actuelle, un peu béate, autour du nouveau pape auquel on prête toutes les qualités. Mais il est dangereux de transposer à l’Argentine ce que l’on a connu en Europe avec les dictatures fascistes ou nazis. Et il est faux de voir en François 1° une sorte de Kurt Waldheim austral. L’ancien Président autrichien avait été éclabloussé par les révélations sur son passé pendant la seconde guerre mondiale[1]. Il n’avait pas été un criminel, ou un nazi actif, mais ce que les autrichiens ou les allemands appellent un «Mitlaüfer»; pas exactement un collabo, mais quelqu’un qui «marche avec» le système.Ce qui ressort des différentes enquêtes, livres, déclarations sur le passé de François 1° montrent qu’il n’a pas été un « Mitlaüfer ». Mais qu’il n’a pas été non plus un Dom Helder Camara, l’évêque brésilien, figure emblématique de la « Théologie de la Libération » ou un Oscar Romero assassiné par les escadrons de la mort en pleine messe dans sa Cathédrale à San Salvador. Une partie des critiques à l’égard du nouveau Pape viennent de ces milieux d’extrême gauche latino-américains, qui préconisaient la Révolution permanente, la multiplication des « Cuba » partout en en Amérique Latine. Plus personne n’y croit aujourd’hui.Et puis d’autres attaques viennent en sous-main de l’actuel gouvernement argentin et du mouvement péroniste. Dans les années 1950, le général Perón est l’exemple même du « caudillo » démago ». Profitant de la prospérité de l’Argentine, grand producteur agricole au moment où l’Europe sortait de la seconde guerre mondiale, il « arrosait » les « descamisados », le prolétariat argentin, pour assurer à son pouvoir autoritaire et corrompu le soutien d’une clientèle de défavorisés. La nostalgie des années Perón paralyse encore la démocratie argentine. Et les Kirchner actuellement Président(e) n’ont jamais pardonné à l’ancien cardinal de Buenos-Aires ses attaques contre l’affairisme et la corruption qui les caractérisent. Les déclarations du militant argentin des droits de l'homme Adolfo Pérez Esquivel, Prix Nobel de la paix 1980, me semblent plus crédibles, qui assure que le Pape n'avait eu « aucun lien avec la dictature". Nous vivons une e-poque formidable !



[1] Cf « Le mystère Waldheim » de Luc Rosenzweig et Bernard Cohen , ed.Gallimard