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Max | Silex

Publié le 25 mars 2013 par Aragon
silex1.jpg« Adieu ami lecteur, essayez de ne pas passer votre vie à haïr et à avoir peur. »
Stendahl, préface de "Lucien Leuwen"

Je comprends mieux Cioran à présent. Cioran et son profond pessimisme sur l'humanité, son doute quant à la capacité de l'homme à se servir un jour de sa cervelle comme d'un silex.

Le doute qu'il puisse en tirer quelques étincelles lumineusement intelligentes pour s'éclairer, éclairer le monde, se chauffer, porter de la chaleur, à lui, aux autres puis très vite faire éclore le bonheur.

Rien... Rien de tout cela n'arrivera. Il a raison Cioran.

Ils étaient encore des dizaines de milliers à défiler dans les rues de Paris contre le mariage pour tous. Pas que des rombières envisonées du XVIème, bourgeoises, ultracathos, autres culs blancs z'ou bénis, z'émules z'à Boutin, non, pas que ce milieu-là coincé dans sa tradition, sa morale antimitée, amidonnée, mais des gens comme toi et moi, des gens quoi. Je ne vais rien en dire de plus tant ça me désespère !

Pourquoi ces gens ne défilent-ils pas pour un nouvel ordre économique au service de tous ? Pour droit à santé & éducation & travail & logement & droits citoyens & respect et liberté, pour tous les individus vivant et travaillant sur le territoire français ?

Y'a pas que ça et tout le reste, y'a les mots assassins, les mots vengeurs et pourfendeurs, les sentences qui ne découlent d'aucun tribunal républicain, laïque et légal, les mots qui tuent : ceux de cette foule hier à Paris, ceux de Copé en ce moment par exemple, ceux de Guaino. Plein d'autres : tueurs, dépeceurs, écorcheurs de liberté.

Samedi soir on jouait notre pièce à l'Atrium de Dax, on avait de la concurence : gala salsa, rock et tango d'un côté, poule au pot festive de l'autre, carnaval au milieu, nous sur le petit côté, la foule n'était pas avec nous si un coeur y était. Guincher, se remplir la bedaine, se déguiser, ne pas affronter la réalité, juger l'autre en la/le disant gouine ou pédé mais gentiment : "j'ai rien contre elles z'ou eux, mais pas chez moi..." Et le silex dans tout ça ?

Pour ces foules-là pas de silex mais simple morceau de craie. Pas de lumière avec la craie, pas de chaleur, mais la possibilité d'écrire des mots sur le sol, les murs, le ciel s'ils le pouvaient : "la France z'aux français surtout pas de pédés... papa maman bébé et monsieur le curé... ma femme au fourneau moi chez Casto, reviens vite Sarko..."     

Je désespère définitivement de la nature humaine, de ses représentants sapiens-sapiens français. Je ne la comprends plus, je ne l'espère plus, je vis avec elle par obligation c'est tout, rien à voir avec elle. Je cohabite un point c'est tout.


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