Magazine
Titre : Hemingway Mort d'un
Léopard
Editeur : Glénat
Auteurs : Jean Dufaux & Marc
Malès
Année : 1992
Résumé :
Cuba, 1959. Hemingway rencontre une
femme magnifique qui le replonge des années en arrière. De La
Havane au Kilimandjaro, Hemingway vogue entre souvenir et réalité.
Le vieux Lion sent que le temps le rattrape de manière inéluctable,
mais, fidèle à ses instincts ou victime de ses envies, il veut
s'embarquer encore pour une nouvelle aventure. Malheureusement,
l'écrivain est parvenu à un âge où la mémoire possède plus de
force que la vie, et Hemingway va se rendre compte que passé et
présent ne sont pas si éloignés que cela...
Une étrange histoire, mais pouvait-il
en être autrement avec un protagoniste comme Ernest Hemingway ?
L'homme a du mal à accepter son statut d'icône vieillissante. Son
amour des femmes va l'entraîner dans une nouvelle aventure, bien
loin de ce qu'il espère. Vraiment ?
Happé par ses souvenirs, l'écrivain
revit en parallèle une histoire ancienne de trente ans, en plein
coeur de l'Afrique, du Kilimandjaro, de la chasse.
Dufaux met en scène cette histoire
intrigante qui flotte à la limite du fantastique. Les croyances
ancestrales de l'Afrique s'opposent au monde pragmatique, en pleine
révolution, de Cuba.
Le scénario passe d'une époque à
l'autre, en se resserrant pour le final.
Je n'éprouve qu'un petit regret, le
coup de théâtre de la fin. Même si les faits sont vrais, en
fiction, j'ai ressenti une pirouette d'auteur. Certes, des pistes
sont posées dès le départ, mais il manque un petit quelque chose,
un rien qui aurait fait que tout coule parfaitement.
Mais à part cela, j'ai navigué avec
plaisir dans ce récit captivant. Les personnages n'ont rien de
surprenant, il semble en effet sortis tout droit... d'un roman de
Hemingway. Ces aller-retours entre la fiction et la réalité, entre
l'oeuvre et la vie, renforcent encore plus le lien de cette BD avec
l'écrivain.
Les textes sont un régal qu'on rend
plaisir à lire et à relire.
Les dessins sont bien léchés. Les
couleurs très belles; le contraste entre l'Afrique et Cuba est bien
rendu, on le ressent à la lecture. La chaleur est là, mais
différente. J'ai trouvé dommage que les dessins soient un peu trop
statiques. Mais ils sont figés comme l'histoire qui se déroule,
comme une tragédie que rien ne pourra arrêter, fixée dans son
déroulement.
Le cadrage sait se serrer ou s'élargir,
suivant le mouvement de l'histoire. Il garde quand même une
structure classique, sèche, âpre, qui illustre assez bien le style
d'Hemingway.
Plus qu'une relecture, pour moi,
c'était une découverte. Même si l'intrigue ne m'a pas étonné,
elle m'a quand même emporté et m'a permis de redécouvrir un pan de
la vie d'Hemingway que je ne connaissais pas: la période cubaine.
Quant à la marge existant entre la fiction et la réalité,
l'important n'est pas tant de savoir où elle se situe, mais de
savoir qu'elle existe.
Alors que la fin de l'histoire nous
amène loin, loin dans un monde étrange, où règnent en maître les
esprits et le conteur, on s'aperçoit qu'il ne pouvait en être
autrement.
En refermant cette BD, je n'avais
qu'une envie, relire du Hemingway !
David