Donc je stresse, seule à l’arrêt de bus, un livre dans la main pour assommer le moindre opportun, mon abonnement dans l’autre.
Et il arrive. Il se rapproche. Il s’arrête. Il me dit bonsoir. Aaaaargh, il m’a repérée, il prépare son coup. Je suis foutue. Je suis finie. Ma dernière heure a sonné.
Le bus arrive. Le chauffeur est une chauffeuse. Drame. Elle ne pourra me défendre en cas d’attaque, à la manière du film si dramatique qui m’a traumatisée à vie, où Isabelle Adjani (enfin je pense) se fait violer dans un train, sous le regard des passagers qui ne broncheront pas.
Ici, point de passagers. Juste la chauffeuse, lui et moi.
Je m’assieds sur un siège. Il s’assied sur le siège juste à côté. C’est clair, il a tout organisé.
Et mon cerveau se met en action. Je ne dois pas descendre avant lui, sinon il me suivra subrepticement, dans les rues sombres et sinistres, me ligotera et me tranchera la gorge dans une impasse.
S’il descend à un arrêt précédent le mien, je serai sauvée. Mais il n’en fera rien, il veut m’agresser, c’est clair et net, je l’ai senti dans sa façon de me dire « bonsoir ».
Je dois descendre à cet arrêt situé tout près d’un magasin ouvert jusque 22h, j’irai m’y réfugier et appeler la police. Au passage, je m’offrirai une grosse pizza pour me remettre de mes émotions.
Voilà, j’ai un plan, je vais m’en sortir.
Encore deux arrêts, et j’y serai, je suis sauvée. Tu vas être forte Anaïs, et te sortir de cette situation.
Encore un arrêt.
Tiens, il descend déjà ? Avant moi. Mais pourquoi ? Et son attaque, son agression, son tranchage de gorge ? Ben si c’est pas malheureux.
Parano, moi ?
Illu de Miss Minimo (pour un billet intitulé Miss Parano, ça rime, diiiiingue non ?)
