J'adore les petits hasards de la vie, ceux qui surviennent sans prévenir et emplissent du subtil parfum de la surprise le cours d'une journée. Ils me font sourire.
De passage dans le 17ème arrondissement, je décidai brusquement de déposer chez une mienne amie une paire de clefs qu'elle devait récupérer avant son déménagement. Arrivée devant la porte : catastrophe, je n'ai pas le code pour ouvrir. Téléphone, retéléphone... Pas de réponse. La providence, émue par ma déception, décida alors de me donner un petit coup de pouce en la personne d'un jeune garçon, qui arriva fort opportunément sur une jolie trottinette pour m'ouvrir non seulement la porte de la rue, mais également le sas intérieur. Joli hasard. Les clefs déposées dans la boîte aux lettres, je m'apprêtai à repartir lorsque... je croisai dans l'entrée le jeune fils de mon amie, accompagné de son grand-père. Nous nous reconnûmes immédiatement et pourtant, cela fait des années que nous ne nous étions pas vus. Embrassades, congratulations... Ce cher vieux monsieur me raconte alors, dans un français très russe, qu'il est arrivé la veille avec son épouse, qu'il vient aider la petite famille de sa fille à déménager - elle attend un second enfant - et qu'il est super-heureux de me revoir. Moi aussi, et je n'en reviens pas de cette rencontre, si improbable. Il n'y a pas d'école, aujourd'hui, que faisaient-ils donc à cette heure ?...
Nous sommes restés une vingtaine de minutes dans le hall à échanger des nouvelles du pays, puis je suis repartie vers mon travail, non sans moult promesses de nous revoir dans les jours qui viennent, tous ensemble pour fêter cela. Lui aussi me fit remarquer combien aimable fut la providence avec nous ce jour d'hui.
Cinq minutes plus tard, alors que je marchais d'un pas frileusement pressé vers la station de métro, j'entends une petite voix... "Stella"... Je lève alors la tête vers un colosse aux vagues allures de martien casqué et... à ses yeux bleus délavés je reconnais immédiatement un mien ami. Barricadé dans sa tenue de motard, il attendait sagement son épouse entrée acheter quelques douceurs dans l'une des meilleures pâtisseries de Paris, La Petite Rose, tenue par des Japonais et que je vous recommande on ne peut plus chaudement.
Congratulations, embrassades, puis re-congratulations et re-embrassades avec son épouse. Nous nous extasiâmes de conserve sur le petit poisson en chocolat, accompagné de quelques oeufs en sucre, qu'elle avait acheté en nombre pour offrir à sa famille et ses amis au Japon. Je n'aime pas le chocolat, mais j'en achète volontiers pour le reste de mes contemporains qui semble s'en délecter. Là, je ne fis qu'approuver ce geste délicat qui consiste à acheter fort cher en France une friandise japonaise pour s'en aller l'offrir au Japon.
Après une vingtaine d'autres minutes passées à échanger des nouvelles du pays, je repartis vers le métro, le journal, le travail en me disant que, décidément, aujourd'hui la vie sourit.