Nous sommes au XXIème siècle, et nous avons du mal à nous extirper du XXème … ! De plus, nos textes anciens occidentaux véhiculent cette idée de la dualité, qui de proche en proche nous illusionne sur un ordre binaire simple, aisément intelligible … C'est bien, c'est mal... C'est beau, c'est laid... J'aime ou j'aime pas …
Pourtant dès le XIXème siècle, le « désordre » apparaissait aux scientifiques, qui compensèrent en décelant une régularité dans... « les moyennes » ( courbe de Gauss …). Pourtant, déjà, Poincaré eu l'intuition de reconnaître une spécificité : « Les faits à petit rendement, ce sont les faits complexes ».
Ensuite, au cours du XXème siècle, les mathématiques, en particulier, nous ont permis d'entrer dans l'ère de la « complexité ». Le « chaos », les fractales … sont des notions accessibles aux lycéens.
Notre raison procède toujours par analogies, le simple n'étant que du complexe simplifié.
Exemple, D'une certaine standardisation de la culture à l'hyperbolique blogosphère ...!
" Une pensée qui sépare, disjoint procède à des simplifications abusives en érigeant des oppositions abstraites, qui ne se rencontrent pas dans le réel. Une pensée ainsi compartimentée s'appauvrit... Elle se fige en doctrine, en idéologie... Percevoir la complexité, c'est assumer la contradiction, appréhender une unité qui ne nie pas les différences, mais s'en nourrit. Edgar Morin, aujourd'hui nous interroge : Comment pouvons-nous appréhender la complexité du réel sans la réduire ? "
( Voir le magnifique exposé sur cette page : http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/theorie5.htm )
La crainte de la modernité de Pie IX s'exprime le 8 décembre 1864 dans le Syllabus, un court exposé des errements idéologiques de son époque.
Si je fais référence à cette problématique, c'est que le débat sur le « mariage pour tous », nous fait entrer expérimentalement dans « la complexité » ; et il me semble que l’institution-Eglise - qui s'est résolument impliquée comme telle, avec un refus total d'envisager la contractualisation civile d'une manière de faire famille... - , donc que l'Eglise, encore une fois, a raté le coche de la modernité. Que ce soit clair, je ne critique pas ici, que les religions ne puissent pas participer à un débat national : évidemment, je pense que c'est l'humain-global qui est interpellé avec sa composante ternaire ( corps psyché esprit ), et de plus ma spiritualité me donne des outils pour discerner … Non, L'Eglise , manifeste là ( et dans la rue …) publiquement un refus d'envisager la complexité, et la réalité de la place des homosexuels avec nous ….
Je ne parle pas de la PMA, c'est une question posée à toutes les sortes de famille. Je ne parle pas du « désir d'enfant », car ce débat devrait éclairer toute personne qui souhaite donner la vie... Quant « au droit à ... » : cela aussi est une question éthique qui interroge chacun de nous, homosexuel ou non … dans le cadre d'une société consumériste.
Pourquoi vouloir ainsi stigmatiser l'homosexuel(le) ? Pourquoi ne pas commencer par le respect, par l'accueil... ? Pourquoi refuser de prendre en compte ce qui se passe dans un couple -singulier – d'homosexuel(les) ? Pourquoi imposer un schéma binaire, 'religieux et symbolique' à une société civile qui décide d'appréhender ses marges.
Le symbolique n'est en rien remis en cause... ! Le mythe extraordinairement riche de l'humain « homme et femme », séparé ensuite en « un homme et une femme », peut rester sans crainte une très belle analogie pour exprimer l’anthropologie chrétienne … aucun souci !
L'homosexualité se situe à la marge, et a toujours existé. Elle n'est plus un délit, n'est-il pas bon que cela soit
ainsi ? Chrétien, Jésus nous assène l'idée que nous ne serons pas « jugé » sur un comportement, mais sur l'amour ou l’intention qui le sous-tend...
A l'époque de Jésus,
des explications morales tentaient de comprendre les comportements des personnes malades psychiques, par la possession de leur esprit par un « esprit mauvais » ...etc. Il me semble acquis,
et un bien, que de reconnaître que « la morale » évolue.
Je trouve extraordinaire que l'actualité ai pu, avec ce débat, nous permettre de poser cette question essentielle, de la lecture des « signes de temps ». J'ai vraiment le désir de continuer ce questionnement... A suivre, donc.