Des temps nouveaux ... -2-

Publié le 30 mars 2013 par Perceval

Quel comportement d’Église, entraînent nos comportements nouveaux ? Manifestement, c'est la « peur » qui s'exprime... L'Eglise semble prendre à témoin chacun d'entre nous pour exprimer une condamnation de nouveaux comportements. Les a t-elle bien analysés, avant de les rejeter au nom d'une « morale », au risque malheureux de confondre - pour nos contemporains- "anthropologie chrétienne", et morale … ?

Le débat sur le « Mariage pour tous », révèle la difficulté de l'Eglise d'accueillir un monde dans lequel l'individu valorise son épanouissement dans des formes familiales qui - de fait - varient ( divorce, familles recomposées, monoparentales et marginalement homosexuelles …). Ce n'est qu'un exemple...

Tentons, d'analyser cette émergence d'une nouvelle sensibilité humaine et spirituelle ...

 

Oeuvre de Thomas Mainardi qui dit s'inspirer de la complexité humaine

Que peut-on dire de notre modernité ?

  • « La modernité occidentale a mis l’individu au centre de tout ». Cela a commencé avec un processus d 'émancipation -vers la fin du XVIIème siècle- de la religion en particulier. « le processus d’émancipation s’inscrit dans un vaste mouvement de croyance au progrès… Malgré les déceptions, au lendemain de la seconde guerre mondiale, la volonté de changer le monde galvanisait encore des millions d’individus… » Frédéric Lenoir : « La guérison du monde »

  • Cette accélération des libertés individuelles, légitime et si peu accompagnée par notre Eglise-Institution...!,  s'inscrit dans un vaste mouvement de croyance au progrès.... Le tout, ensuite, nous fait plonger dans un libéralisme qui valorise la consommation, pendant que l’Église se disqualifie en restant sur des positions passéistes...

  • A partir des années 70, les individus se centrent sur la satisfaction de leurs besoins...

Aussi, n'est-il pas si étrange - aujourd'hui - que l'humain tâtonne par de nouvelles initiatives, en vue de tenter un nouvel état d'esprit. Ainsi, notre époque est propice à une recherche de sens. Les deux quêtes «  travail sur soi » et « questionnement existentiel » sont liés.

Actuellement différentes enquêtes internationales sur les valeurs sont menées depuis plusieurs décennies par Ronald Inglehart sous le vocable de « World values survey », elles ont mis en évidence une évolution plus ou moins rapide des mentalités selon les pays.

Jusqu'ici, l'opposition entre « les traditionnels » et les « modernes » -qui avait cours- est à présent remplacée par une indifférence des religions traditionnelles d'un côté, et par une attitude créative s'engageant pour l’écologie et le sauvetage de la planète, pour la qualité des relations, la paix et la justice sociale, et désireux de s'impliquer dans le développement personnel, la spiritualité et des valeurs comme l’authenticité et l’expression du vécu – de l'autre. Ainsi ce mouvement ne reconnaît pas l'opposition qu'il y aurait entre vie intérieure et activité sociale...

Ce monde, certes en crise, dans lequel nous vivons, mérite d'être considéré avec un goût de son avenir. Il s'agit de considérer la modernité avec empathie. Aujourd'hui à côté du « désir de vivre », et du « désir de vivre mieux », s'impose un désir « d'être »... Ce désir d'être est naturellement tendu vers un désir d ' « être toujours »... Et ce désir se lit au travers de la lecture des grands mythes ; par exemple, une représentation de « l'Energie » est évoquée, et en passant d'une tradition à une autre, sans difficulté …

Frédéric Lenoir évoque le concept d’ « individuo-globalisme » pour « une nouvelle figure de l’individu global » en quête de sa « vérité intérieure, du développement de son potentiel personnel, et, en même temps relié au Cosmos et citoyen engagé du monde »

 

47% des français disent « avoir leur propre manière d’être en contact  avec le divin sans avoir besoin des églises ou des services religieux ».

Ils sont plus nombreux que ceux qui se disent catholiques ( 42%)

Une deuxième question mesure une « sensibilité à la spiritualité » identifiée à un « degré d’intérêt pour le sacré et le surnaturel ». 41% des français se disent très ou assez sensibles à la spiritualité et, là aussi, ils se répartissent dans un large éventail d’attitudes. Ces chiffres sont très élevés.

En Grande Bretagne, Michaël Moynagh ( Moynagh (Michaël). Church for every context. Introduction to theology and practice. SCM Press, 2012) met en évidence une évolution profonde des mentalités qui se manifeste dans une transformation des comportements. Une nouvelle culture apparaît. « Les gens se préoccupent avant tout de la vie quotidienne, la famille, les amis, les aspirations personnelles. La spiritualité s’établit en rapport avec ces préoccupations. La sociabilité est une valeur montante, elle inclut un intérêt croissant dans la spiritualité du bien être couplé avec le désir de faire bien en relation avec d'autres …"

Ce tournant éthique profond ne doit pas être discrédité par notre Eglise.

A suivre ....

 Les illustrations sont des oeuvres de Siegfried Zademack, il est né à Bremen en Allemagne en 1952.
Ses maitres sont aussi bien issus de la Renaissance italienne que de l'école des Maniéristes ou encore des surréalistes.