CHANT DE LA FLÈCHE
Chaque fois qu’on me le dit
je pleure toujours un peu
Tu vivras en te servant des mots
plus que de l’eau et du feu
en vérité plus que de l’argent
Alors tu dois ramasser beaucoup de mots
Et puis tu dois les dépenser comme il faut avant ton départ
Cependant on ne compare pas les mots à l’épée
mais à la flèche
car une fois utilisés, fichée quelque part
elle ne revient jamais
L’être vivant parmi les bois épais
de flèches aiguës, dès que fiché en plein cœur
c’est un poison qui pénètre à toute vitesse ou bien
c’est une flamme
Quand je vois l’amour qui commence par un mot nouveau
comme la première page d’un nouveau livre sacré
je pleure en sanglotant un peu
C’est de mots que tu te serviras avant ton départ
plus que de l’eau et du feu
ou bien de l’argent
car ils sont la plus belle des richesses
Chaque fois qu’on me le dit
oui, vraiment, je pleure un peu
Moon Chung-hee, Celle qui mangeait le riz froid, Éditions Bruno Doucey, 2012, pp. 115-116. Traduit du coréen par Kim Hyun-ja avec la collaboration de Michel Collot. Préface de Michel Collot.
MOON CHUNG-HEE
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur Keulmadang | Littérature coréenne n° 19, février 2013) « Rage et solitude / Moon Chung-hee, poétesse », par Andrea De Benedittis (entretien avec Moon Chung-hee)
→ (sur le site du Printemps des poètes) « Moon Chung-hee, solitaire et libre », par Vincent Rouillon [PDF]
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