On ne sait pas grand-chose de Peel MD. Leur page Discogs est cryptique et quelques recherches nous informent tout juste qu’ils sont deux et viennent de « Örebro Acid City », la 6e ville suédoise dont personne n’a entendu parler. On peut simplement supposer qu’ils rentrent dans la catégorie des suédois pas contents, de ceux qui s’acharnent à maltraiter des machines analogiques dans leur garage depuis 20 ans comme leurs trois compères de Frak qui tiennent la barre du label Börlft Records.
Dès les premiers tracks, on est assaillis par des lignes acides qui s’entortillent les unes avec les autres sans révéler une once d’espoir ou de chaleur. On est bien loin de ce que peuvent faire d’autres adeptes de la 303 comme Tin Man ou Recondite. Ici les sonorités sont stridentes, saccadées, saturées et achèvent de vous emmener dans un endroit sans lumière d’où il semble n’y avoir aucun échappatoire, juste une pulsation implacable pour se guider vers le bout du tunnel. Etrangement, on retrouve dans tout ça une forme de groove un peu risquée, toujours à la limite de ce que nos oreilles sont prêtes à accepter. On est loin de beaucoup des productions techno actuelles, rondes et trébuchantes avec l’occasionnel battement métallique pour faire croire à ses parents qu’on est un rebelle.
C’est avec la face B qu’apparaissent les tracks les plus dévastateurs. Sur Fusefudge les synthés suintent entre des bruits de cloches et une avalanche de snares. Et surtout Monster, où un kick caverneux est rapidement suivi de sons plus inquiétants les uns que les autres, jusqu’à l’arrivée d’une ligne de basse martiale qui vous renvoie directement dans les années 90. Méchant, très méchant. Un monstre bon à réveiller n’importe quel danseur à 5h du matin. Ou bien à renvoyer chez leur mère les plus fragiles d’entre eux, terrifiés par cette musique de barbare.
On se situe quelque part entre une forme de techno et une house acide et noisy que l’on retrouve sur des labels comme LIES ou Mathematics. Ca ne sert probablement pas à grand chose de catégoriser ici, tout au mieux peut-on décrire cet EP comme un bordel bizarroïdo-analogique dont on sort un peu lessivé, mais rafraichi par l’avalanche de créativité contenue dans ces 5 morceaux.
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