Épargné par les divers réquisitoires, les consommateurs. Ces derniers semblent jusqu’alors irrémédiablement présentés comme les victimes naïves et innocentes d’un système pervers. Pire, certains d’entre eux ripostent, en affichant ostensiblement leur mécontentement. Pourtant, qui ignore encore les conditions industrielles dans lesquelles sont désormais conçus certains aliments ? Par exemple, une boîte représentant une jolie poule gambadant gaiement dans une verte prairie cache souvent des conditions d’élevage déplorables. Qui ne prendra pas le soin de regarder le code sur les œufs risque fort de tout gober.
Si la paresse semble donc un facteur aggravant dans le succès de ce type d’alimentation, le prix proposé en serait un autre. En effet, quelques esprits avisés objecteront, à raison, le moindre coût de ces tristes pitances. D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement pour ces denrées issues de production de masse, provenant d’entreprises à la main d’œuvre dite « bon marché », et soldées dans des grandes surfaces devenues de véritables « hangars à bouffe » ? Car si certains articles peuvent être proposés à un prix dérisoire, c’est simplement qu’ils ne sont pas vendus à leur réelle valeur.
Une valeur qui permettrait de rémunérer tous les acteurs de cette chaine alimentaire en leur assurant de pouvoir exercer leur travail dans de bonnes conditions. Un produit plus cher, mais pour des plats plus pauvres en pesticides, OGM, et autres viandes de bétail gavé de médicaments et nourri aux farines animales. « Manger moins mais manger mieux » pourrait alors devenir un objectif salutaire pour le citoyen soucieux de préserver son propre équilibre, mais également celui de son environnement.
Malheureusement, l’état actuel de l’organisation de la société ne permet pas à bon nombre d’individus aux situations précaires de faire des choix entre plusieurs offres. Car lorsque la principale préoccupation est de survivre, difficile de faire la fine bouche.
Par contre, pour celles et ceux en capacité d’opter pour un certain type de consommation, encore faudra-t-il apprendre à assumer ses décisions. Car comme ironisait Coluche : « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’en achètent plus pour que ça ne se vende pas… »
Guillaume Meurice
07/04/2013