De l'apprentissage du dessin 27

Publié le 13 avril 2013 par Headless

Dessiner la lettre

Ecrire et dessiner sont identiques en leur fond ». Paul Klee

Abordons là un chapitre important qui revient sur la similitude du geste écrire/dessiner.

Dessiner c'est écrire, écrire c'est dessiner. Ce qui est flagrant dans les travaux de Twombly, Basquiat, Klee, la calligraphie Asiatique et Orientale, les calligrammes d'Appolinaire, Ben Vautier...

Cela étant posé, une grande part du dessin est d'apprendre à écrire. D'abord pour se trouver un ton, une "écriture", un style.

Faire des phrases complètes avec sujet, verbe et compléments. Trouver un rythme. Une façon d'attaquer la page, un certain degré d'inclinaison de la main, une façon de tenir l'outil... Détails qui relient la pratique de l'écrivain et du dessinateur (si on met de côté les nouveaux rapports au travail apporté par l'informatique).

Puis, plus concrètement, c'est de dessiner des lettres. En tous cas c'est un exercice majeur chez les illustrateurs et les auteurs de bd (on comprend bien pourquoi). Mais plus généralement, tout dessinateur a le souci de trouver une qualité graphique à la moindre trace écrite qui pourrait surgir et se frotter à ses images, s' y jouxter. Cela va de l'annotation, de la figuration d'un mot (pour une raison ou une autre, du titre, jusqu'à la signature. Il faut rouver une harmonie, une cohérence entre ces deux façons de déposer une information sur le support. Ainsi le mot devient également image.

Sinon, un mauvais dessin de lettres pourrait gacher un beau dessin. 

Il faut donc que l'apprenti dessinateur fasse ses "lignes", comme l'écolier et qu'il trouve une écriture qui lui convienne, comme le ferait un typographe pour habiller un texte, un message.

Il faut expérimenter différents outils et fouiller les possibles autour de l'expressivité de l'écrit : neutre, tordu, maladroit, rapide, élégant...

Ensuite, en fonction des besoins, nous pourrons exploiter tel ou tel effet pour accompagner, souligner ce que dit l'image ou encore (dans une volonté de recherche de contraste), nous pourrons aussi faire l'inverse : faire se contredire l'un et l'autre (pour montrer un paradoxe, par effet humoristique...).

Une solution peut  être d'écrire avec le même outil qui nous sert au dessin, mais on peut aussi séparer ces deux registres par un outil dédié à l'un puis un outil différent à l'autre.

Il faut aller jusqu'à considérer qu'un simple mot écrit sur une feuille est un dessin. A les mêmes qualités qu'un dessin. Vitesse d'éxécution, lenteur, tremblement, assurance, nervosité, nonchalance.

Le dessin commence là : dans le tracé des signes alphabétiques.

un lien utile pour creuser la question :

http://www.du9.org/dossier/dessin-dans-l-ecriture-le/