Etudiants, sans-abri…..
Chaque soir, ils sont nombreux à attendre devant la boulangerie de José, dans le centre de Quimper.
Il leur donne sandwiches et viennoiseries.
» Tout ce qui n’a pas été vendu dans la journée! «
Coup de pub? Non, » cet homme-là a tout compris » , dit une cliente qui, elle, achète son pain.« Le sandwich, ça fait un repas pour le soir. » Au bout de la rue Kéréon, la baguette de l’ami José fleure bon le partage.
Le boulanger, fils de boulanger, a pensé à donner ses invendus voilà un an et demi, quand il a vu revenir un homme, plusieurs fois, à la fermeture de sa boutique. « Il fouillait nos poubelles pour manger. Il ne faisait de mal à personne. Il avait faim… » À l’heure de la crise et des huit millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, José Louiset ne veut plus voir ça. « Jeter des aliments frais, encore bons, ça ne ressemble à rien quand on sait que certains crèvent la dalle… »
« Ça fait un repas pour le soir »
Il n’est pas le seul à agir ainsi. Au Fournil de Quimper ou à la Mie Câline, c’est la Croix-Rouge qui vient chercher le pain du soir. « Les bénévoles passent nous voir tous les jours quand il fait trop froid. Trois fois par semaine le reste du temps », glisse l’employée du Fournil. Bruno Struillou, le président de la fédération des boulangers du Finistère confirme : « Les boulangers se sont investis depuis longtemps avec les associations. » Mais ce don, de la main à la main ? « C’est la conjoncture qui veut ça. Surtout dans les zones urbaines où la pauvreté est encore plus visible. » Selon lui, tous les gestes de ce type sont « louables. Il s’agit juste de respecter les règles d’hygiène et de sécurité alimentaire. »
José Louiset gagne bien plus que de l’argent en offrant ses pains au chocolat. « Quand je croise ces jeunes dans la rue et qu’ils me disent que mon pain est bon, ça me suffit. Certains nous aident même à ramasser le matériel le soir. » Quant à son chiffre d’affaires, il ne baisse pas. Au contraire. « Ce ne sont pas mes clients réguliers qui attendent le soir devant la boutique. » Ses habitués ne lui sont que plus fidèles. Comme Cécile, Quimpéroise de 32 ans, qui a poussé la porte du Bon vieux temps début mars : « Cet homme-là a tout compris. Ça me donne forcément plus envie d’aller acheter mon pain chez lui. »
D’autant que José Louiset a trouvé une nouvelle astuce pour ne plus gaspiller : il brade ses produits une heure avant la fermeture. « Les clients achètent deux croissants pour le prix d’un, par exemple. Un petit plaisir pour le lendemain matin. » Pour lui, il ne s’agit pas de se convertir dans le discount. L’homme à la carrure imposante veut « simplement être humain ».