[lu] renata n'importe quoi, roman de catherine guérard

Publié le 22 avril 2013 par Tilly

éditions Gallimard, 1967, 204 pages

Clocharde, quai des Tuileries, Brassaï (c) Estate Brassaï - RMN

C'est un monologue intérieur, ininterrompu, qui dure plus de quarante huit heures ; celui d'une femme simple qui en a assez et qui part. On entend d'abord sa jubilation et sa fierté de planter là sa patronne, la concierge de l'immeuble, les commerçants de sa rue qui ne comprennent pas ce qui lui prend tout  à coup. Puis, ses étonnements comiques (un self, le métro, un hôtel minable), ses bonheurs touchants (un banc, une rose, une pomme). Plus tard, sa rage et sa révolte, quand des personnes qu'on dit bien intentionnées tentent de mettre un terme à son envol, en la réinsérant malgré elle.

Catherine Guérard joue avec une ponctuation réduite au strict minimum (la virgule) pour rendre le flot des pensées de son héroïne. La virgule pour la respiration. Après tout quand on se parle à soi-même on ne met pas les points au bout des phrases, ni deux points, ni point virgule. Après une courte adaptation (relire les trois premières pages, par exemple) on pige vite le truc, le rythme.

Quel dommage que ce beau texte trop peu connu n'ait pas été adapté pour le théâtre. En le  lisant, je pensais à (j'entendais) Yolande Moreau ou Corinne Masiero.

Dans la suite à ce billet, lire un extrait de la chronique littéraire de François Nourissier, et la transcription d'une partie de l'émission Le Masque et la Plume du 10 décembre 1967 dans laquelle on entend la voix de Catherine Guérard.