Quand l’éducation devient « priorité nationale » dans les programmes électoraux, c’est généralement qu’on s’apprête à en réduire le financement. Le principe se vérifie en France comme ailleurs. En Californie aussi, l’école publique a souffert d’une longue série de coupes budgétaires ces dernières années. Mais quand on n’a pas de pétrole, on a des idées (1973. Elle était belle la France). Et les écoles californiennes n’en manquent pas pour suppléer au manque d’argent public. L’argent et l’éducation font ici bon ménage. Sans éducation nationale pour pourvoir à tous leurs besoins, les districts scolaires jouissent d’une grande autonomie pour compléter leur budget —et leurs programmes— par toute sorte de financement complémentaire local ou privé (taxes locales, associations, parrainage d’entreprises, etc.)
On s’est donc rendu ce soir à l’un de ces fund raising (levée de fonds) qui jalonnent l’année scolaire, permettant aux écoles de solliciter la générosité des entreprises et particuliers au cours d’un événement généralement festif. Cette fois, l’idée créative était de mettre aux enchères parentales les dons récoltés par l’école auprès des commerçants, entreprises et associations. Un soin du visage offert par tel ou tel salon de beauté se transforme ainsi en monnaie sonnante et trébuchante pour l’école… et en nouveau client potentiel pour le commerçant. Illustration très éducative du contrat « gagnant-gagnant » américain.
Aux enchères à partir de 5 dollars: week-ends de charme chez Mariott, soirée Lakers au stade, entrées à Universal Studio, leçons de tennis, disques durs Western Digital, poupées « American Girl », lunettes de soleil Oakley et sacs à dos Hurley : on pouvait ainsi faire de très bonnes affaires tout en aidant l’école. Sauf que bien sûr, il se trouve toujours un américain plus généreux que l’autre pour faire monter les enchères au delà de la valeur réelle des choses histoire de se faire mousser par un don extraordinaire. Puisque c’est pour les enfants, pourquoi ne pas enchérir 200 dollars sur cette paire de tongue. Et merde au petit français en quête de bonnes affaires…
Reste les enchères offertes par l’école et les enseignants eux-mêmes, de loin les plus prisées. En complément des dons des entreprises, l’école aussi met aux enchères ses propres créations et services. On pouvait ainsi miser quelques dollars sur les créations artistiques réalisées pas nos chérubins en classe de dessin, offrir à nos enfants un déjeuner cher In-N-Out avec leur professeur préféré, ou acheter aux enchères le droit annuel de parking sur la place réservée juste en face de l’entrée de l’école (compter quelques centaines de dollars pour celle-là !).
Mon enchère préférée de cette année : le « homework pass » offert par les enseignants. Mis en vente à partir de 20 dollars, le droit pour un enfant de ne pas faire ses devoirs pendant une semaine. Inestimable !
Si seulement j’avais pu acheter le droit de sécher les cours de latin… j’aurais mieux bossé pour mon argent de poche