Ce texte néfaste a donc été définitivement adopté.
Comme l'a indiqué le président de l'Assemblée nationale, "force est restée à la loi" - la loi de la force, la loi du plus fort imposée par une pseudo-majorité, avec la complicité ou la sottise de prétendus opposants.
Au rang de cette sottise, une médaille d'or doit être décernée à M. Henri Guaino. Ceux qui ont participé aux manifestations entendent encore ses déclarations prétentieuses, lentement roulées sur des accents à la Malraux - qui s'y connaissait lui-même en mensonges. Le 21 avril dernier encore, il s'adressait au "peuple de France (...) venu crier (sa) colère à ceux qui (l'ont) trompé, à ceux qui (lui ont) menti, à ceux qui (le) méprisent. (...) Le peuple français est en route, il est en marche, il ne s'arrêtera pas ! (...) Monsieur le Président, vous n'écrirez pas son histoire contre lui ! (...) Monsieur le Président (...) n'ignorez pas ces millions et ces millions de consciences blessées ! Changez de politique avant qu'il soit trop tard ! (...) changez de comportement avant qu'il soit trop tard !" etc.
De Gaulle, Malraux, Zola, Victor Hugo, tout y passe alors pour le grand racollage populaire mené au nom des consciences blessées. Puis vient le vote. Et le Sieur Guaino... vote en faveur du texte, par erreur dit-il ! ou pour se ménager une posture future d'homme ouvert ? Qui peut le dire ?
Voici en tout cas que le grand homme, qui n'a pas protesté hier quand le gouvernement de droite a introduit la théorie du Gender dans l'enseignement public, est interrogé ce matin sur France Info :
- La journaliste : Vous avez dit, je crois, que si vous reveniez au pouvoir, vous feriez abroger ce texte...
- Guaino : Ah, moi, j'ai dit ça ?
- La journaliste : non, l'UMP...
- Guaino : non, non, non, non, un certain nombre de gens se sont exprimés. Je crois que ce serait mentir aux Français que de leur dire "cette loi sera abrogée". (...) Ce genre de lois est très difficilement réversible.
Tel est le discours de l'Interlocuteur du "grand peuple de France venu crier sa colère", venu auprès de lui fustiger les mensonges de la "majorité". Le message est clair : ce grand peuple ne trouvera pas de soutien chez ceux qui sont venus si bruyamment le racoler lors des manifestations, à quelques exceptions individuelles sans doute. La blessure inguérissable de la conscience des Français existait avant le vote ; elle n'existe plus après.
Le mot juste revient - pour une fois - à M. Jean-Luc Romero, conseiller PS d'Ile-de-France. Interrogé sur France Inter ce matin, il a déclaré à propos de M. Guaino et des siens, qui prétendaient jusque-là être entrés en résistance pour défendre la main sur le coeur la société, le mariage et les enfants : "Ils ne reviendront pas sur ce texte (...). Après (c'est-à-dire s'ils reviennent au pouvoir), ils n'auront aucun courage".
C'est le mot de la fin.
Chacun sera bien inspiré de s'en souvenir, pour le présent et pour l'avenir.