Alors, mes petits amis, ça va bien aujourd’hui ? Ce beau week end ensoleillé a bien réchauffé vos petits corps ? Vous avez bien profité ? Si, si, ne dites rien, c’est important. J’ai besoin de savoir comment vous allez.
C’est pas de l’amitié, ça ? Pas de l’amour, même ?
Et vous, parce que vous êtes polis et gentils, vous allez me demander comment je me porte, n’est-ce pas ?
Mais voilà une question, qu’elle est bonne…
Je vais très bien. Vous savez pourquoi ? Je vais vous le dire : j’ai fait un nouveau Myself. Non seulement il est inédit mais en plus, je le trouve beau. Très sincèrement.
Je vous le montre.
Ça faisait très longtemps que je voulais rendre hommage à Edgar P. Jacobs, le créateur des célèbres Blake et Mortimer. Cet auteur prolifique de bandes dessinées m’a longtemps fait voyager dans les moindres recoins de son imaginaire – qui a donc nourri le mien – et ce n’était que justice de lui rendre hommage.
Blake et Mortimer, si vous ne les connaissiez pas, il me faut donc vous les présenter. Créés en 1946, le colonel Francis Blake est un officier de la Royal Air Forces mis à la disposition des services secrets de sa très gracieuse Majesté. Philip Mortimer est un éminent professeur de physique nucléaire. Les deux hommes auront souvent à en découdre avec le diabolique colonel Olrik, troisième personnage de la série. Tout ce petit monde apparaîtra pour la première fois dans l’extraordinaire trilogie : le secret de l’Espadon.
Maintenant, pour remettre les choses en place, quand les aventures de Blake et Mortimer sont éditées pour la première fois en 1946, l’humanité sort de deux guerres mondiales, de ravages et de destruction. Elle a besoin de rêver.
D’aller ailleurs.
Les auteurs d’alors – dont Edgar P.Jacobs – le comprennent bien et dessinent un monde idéal et prometteur, un monde meilleur : celui de demain. Le monde de l’an 2000 ne connaîtra jamais les horreurs de ces longues années sombres, où tant d’innocents périrent. Bon, depuis, les choses ont changé. mais ce n’est pas le propos de cet article…
Le créateur de Blake et Mortimer va plus loin. Il veut que chaque dessin de son oeuvre, chaque détails soient crédibles. Ainsi, dans le Mystère de la Grande Pyramide le lecteur visite le Musée du Caire. Plus qu’une planche de dessins, c’est bien un véritable reportage qui est proposé. La description du sous-sol parisien dans l’Affaire du Collier est tellement réaliste que la fiction ne peut y avoir sa place. Le principe, selon Jacobs, était simple : apprendre en se distrayant.
Gosse, je ne me lassais pas des aventures de Blake et Mortimer. Aujourd’hui encore, l’intégrale de la série est soigneusement rangée dans une bibliothèque, par ordre chronologique. Elle me suit ainsi, au gré de mes vies et de mes déménagements, dans toutes mes maisons.
Enfin, je souhaitais corriger un petit détail qui montra son importance – exagérée – dans les années 90. L’absence de femmes dans les aventures de nos gentlemen, prouva chez certains que Blake et Mortimer, vivant sous le même toit, étaient des homosexuels refoulés.
Du grand n’importe quoi.
Un. Nous sommes à une époque où la mixité scolaire n’existe pas. Le journal Tintin, qui assure la publication hebdomadaire des aventures de Blake et Mortimer, est destiné à un lectorat masculin. Donc, pas de gonzesses chez les aventuriers, ok ?
Deux. En 1946, la censure est terriblement implacable, sur tout ce qui concerne les parutions pour jeune public. Je ne sais plus qui me raconta que dans la Marque Jaune – Un très grand album – un protagoniste tient un journal avec une danseuse classique aux jambes nues. Vous savez quoi ? Même les jambes sont tramées… D’ailleurs, comme beaucoup d’autres auteurs de son époque, Edgar P. Jacobs fut censuré à plusieurs reprises par la loi 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.
Trois. Blake et Mortimer sont deux personnages de bandes dessinées. Ils ne sont ni homos, ni hétéros, ni je ne sais encore quoi d’autre. Et pour citer la pulpeuse Jessica - Qui veut la peau de Roger Rabbit ? – ils ne sont rien. Ils sont juste dessinés.
Je pourrais encore vous parler d’Edgar P. Jacobs et de ses créations géniales pendant des heures. Une autre fois, peut-être.
Ah, oui. Le P de Edgar P. Jacobs, c’est pour Pierre.
I love you. All of you. And Lulu.
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