Elle, elle lit ; moi, je laisse défiler les bouts de campagne, les voitures qui ne peuvent pas nous rattraper, les traces humaines partout. Alors que mon corps est transporté à plusieurs centaines de kilomètres par heure, mon esprit s'immobilise : le TGV me vide la tête.
Cela doit être pour ça que les vaches aiment regarder les trains, ça doit leur faire le même effet, mais de l'extérieur. Ca repose des crampes de mâchoire à force de mastiquer l'herbe du pré. Ca repose de se demander quelle nouvelle maladie imaginaire va se trouver la Noiraude ce soir. Ca rend méditatif, les trains. Et puis de temps en temps, malgré les reflets qui jouent sur les vitres, une vache chanceuse y croise l'oeil hypnotisé d'un humain, et cela la rassure. Peut-être les bipèdes aussi sont capables d'expérience spirituelle et de sérénité... allez savoir, se dit-elle.
Nota : vous l'aurez compris, je suis en déplacement et ai moins accès à internet... mais je ferai mon possible pour vous poster un autre billet ce week-end.
Après la gare, maintenant le train. Calée dans un fauteuil à rayures, je regarde passer le paysage à reculon. Petite Femme est malade quand elle est à contre sens à grande vitesse, alors c'est moi qui m'y colle.