[LA FENÊTRE EST OUVERTE]
La fenêtre est ouverte. Peu à peu monte par le bas le bruissement des bêtes primitives.
Au bord du noir, la pièce est à l’ancre, vous observez la nuit du monde. Sa présence serrée se tient devant vous, à l’aplomb du mur. Vos yeux la toisent comme une grosse fourrure noire où vous levez parfois des soupirs confus, des craquements d’être. Des yeux innombrables peut-être vous observent. Votre ignorance est traversée.
Plus tard encore, vos yeux enjambent la croisée où tombe parmi l’herbe son rectangle ocré. Entre vos yeux un socle de vieux bronze vous tient lieu d’assise, tissé de brins et d’éclats roux. Sa carpette idéale installe votre faction. Vous avez la patience des statues.
Grenouilles, sauterelles, chenilles, jusqu’aux pierres, la nuit obscure se congratule en langue verte.
Thierry Martin-Scherrer, Le Passage de Marcel, Éditions Lettres vives, Collection « entre 4 yeux », 2001, page 97.
THIERRY MARTIN-SCHERRER
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une notice bio-bibliographique sur Thierry Martin-Scherrer
→ (sur le site de l'Arald) une page sur Thierry Martin-Scherrer
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