Le policier baissa vite le faisceau de lumière de sa torche en reconnaissant le visage de la femme au bizarre accoutrement. Il balbutia des mots d’excuses comme seuls les nouveaux recrus savent les débiter. N’est-elle pas l’épouse du seul gynéco du bled ! Après avoir fait monter le chien sur la banquette arrière, il s’installa et démarra dans le crépitement continu de sa radio afin de raccompagner la dame chez elle. Après le dernier tournant et dans le long chemin boisé menant à la villa, une main est venue se poser sur le pantalon du jeune homme, sur son entrejambes.
- Madame, madame, répéta t-il machinalement, qu’est ce que vous faites ?
- Je voudrais vous remercier monsieur l’agent pour votre gentillesse.
Et sans attendre, elle ouvra la braguette et plongea sa main à la recherche de l’animal tapis et qui ne tarda pas à prendre une involontaire respectable ampleur. Le véhicule s’immobilisa au milieu de la route, les feux allumés n’atteignant pas encore le large portail de la cossue demeure du médecin, mise à part sa spécialité, connue surtout par ces frasques extra-conjugales. A peine une minute fut nécessaire pour ranger la voiture sous le platane centenaire, faire sortir le chien en silence pour continuer presque en courant les mètres restant avant de se faufiler par la petite porte à coté du large passage coulissant de l’entrée. Il n’en fallut pas plus de temps au curieux trio pour s’engouffrer comme des voleurs dans la cabane du jardinier, jamais fermée à clé, en prenant soin d’attacher le chien au dehors. Le poste radio de la voiture a beau crachoter ces injonctions pressantes, il y avait personne pour répondre. Le lendemain il aura fallu le coup de fil reconnaissant du médecin au chef hiérarchique de l’agent, pour que la version du valeureux sauveur fut acceptée.