Je viens de terminer “Eloge de la dénatalité” de M. Tarrier. Je pensais lire ça en plusieurs fois, mais je ne sais comment je me suis retrouvée à digérer tout le texte d’un trait. Enfin, digérer..
Je ne suis pas la plus écolo des terriennes, mais je commence de plus en plus à m’inquiéter quant aux crises énergétiques (et surtout aux conflits que ça va engendrer). Je crois que ma 1ère prise de conscience sur le sujet remonte au moment où j’ai entendu parler de la future et hypothétique “Guerre de l’eau”, qui devrait avoir lieu (d’après les spécialistes) d’ici 30 ans environ. Avouez-le, le nom est bien curieux. Faire la guerre pour de l’eau ? Hé bien oui, l’accès à cette ressource si basique qu’on en oublie qu’elle n’est pas extensible à outrance va devenir encore plus compliqué que ça ne l’est actuellement. Et puis j’en passe sur la fin du pétrole pour 2050, la fin du fer, du gaz, de toutes les autres ressources extractives. Le rapport avec le pamphlet de Tarrier ? Disons que je trouve ça pertinent de s’interroger si oui ou non on fait bien de continuer à encourager les gens à avoir des enfants.
Je sais, gros tabou. La reproduction de l’être humain, ça n’est pas qu’une question de démographie. Ca touche à l’intime puisqu’on parle aussi de prolongation de soi, de son histoire et quelque part (allons jusqu’au bout), d’égocentrisme. Ou une forme d’éternité (l’idée de perpétuer la lignée après la mort, c’est surtout une question d’égo avant tout). Et puis, il y a les religions, l’histoire d’Adam et Eve à qui le bon Dieu aurait dit “Allez et peuplez la terre” (je ne sais plus la formulation exacte pardonnez-moi, mes années de catéchisme remontent un peu). Y a l’idée toute aussi religieuse qu’un enfant est un “don divin”, une “bénédiction”… Ok, admettons. Mais quand on regarde la situation du monde, les disparités qui se creusent par une absence de plus en plus criante d’égalité sur tous les plans, y a de quoi tiquer un peu… Pour paraphraser, disons que vous avez une maison conçue pour 2 personnes. Vous êtes donc 2, puis 5, puis…..150. En attendant, la maison ne s’est pas élargie, y a pas plus de salles d’eau, ni plus d’espace pour dormir. On est d’accord, ça devient très vite ingérable. Bon, bien sûr, l’analogie est (très) bancale mais vous avez saisi l’idée. Du coup, la population en Europe est vieillissante, celle de la Chine, de l’Inde et du Pakistan vont littéralement exploser dans les prochaines années (ce qui explique leur ruée vers les terres africaines pour nourrir leurs peuples)… Comment on fait ? On continue de se reproduire comme s’il n’y avait pas de lendemain ? Ou on met en place une politique de “stabilisation démographique” qui serait adaptée aux capacités (limitées) de notre planète ? 7 milliards de personnes pour une Terre qui ne peut pas en supporter plus de 3 maxi, ça s’appelle une bombe à retardement.
Maintenant, on rentre dans l’éthique. En théorie, chaque femme est libre de décider du nombre d’enfants qu’elle veut. Par ailleurs, la simple idée de contrôler les naissances évoque les heures les plus sombres des régimes totalitaires que nous avons connu donc faire accepter cette idée dans l’opinion publique c’est se préparer à un refus général et sans réflexion. Ceci dit, entre les années 70 et maintenant, le taux de fécondité chinois moyen serait passé de 5 enfants par femme à 1 voire 2 maxi par femme, grâce à (ou “à cause de”) la politique de l’enfant unique. Vous imaginez comment serait la Chine s’il n’y avait pas eu ce plan de contrôle de la natalité ?
Tout cela me fait penser à un reportage sur les Philippines, où le taux de fille-mère serait impressionnant dans les couches populaires. Ces adolescentes sont presqu’encouragées par leur famille et se retrouvent avec 2, 3 voire 5 enfants de pères différents. Quand on leur pose la question de savoir si elles ont accès à la contraception, elles disent oui mais croyances religieuses oblige, elles n’y ont pas recours. Pire, elles sont persuadées qu’avoir des enfants c’est avoir plus de personnes susceptibles de les aider à sortir de la misère. Un calcul que je ne comprendrai jamais puisque ça fait plutôt des bouches à nourrir en plus et une chance de s’éléver “socialement” en moins. Enfin bon, je suis dans un cadre occidentalisé, ça explique sûrement ma position.
Le résumé de tout mon charabia, c’est qu’ “Eloge de la dénatalité” m’a quand même fait réfléchir sur le fait d’avoir des enfants ou non. Je dirais même que ça m’a fait franchement hésiter. Et ça, je ne sais pas encore si c’est en soi une bonne chose ou non.
P.S.: ce court article est un peu une liste de réactions à chaud après lecture, je ne fais que résumer quelques réflexions que ça a soulevé. Ce qui explique que je ne rentre pas dans le vif du sujet avec les “vraies” problématiques (décroissance etc..) ou solutions envisageables