Magazine Journal intime

A toi, lecteur mystérieux !

Publié le 09 mai 2013 par Mirabelle

Mon cher Victor,

Tu es toujours en vie ? Bonjour, Victor. C'est toi, Mirabelle, vraiment ? Oui. Tu as un peu grossi. Des cernes, moins d'artifices qu'auparavant. Eh oui... Plus le temps ! Je suis mère, maintenant ! Naaaan, je rigole, je suis toujours aussi svelte, aussi mince, aussi magnifique, maquillée, apprêtée, bref : sublime ! Naaaan, je rigole aussi, là... Plus sérieusement, la femme est toujours là, moins démonstrative, moins expansive, mais toujours là... En tous cas, plus avec moi ! Je ne sais d'ailleurs si je dois m'en vexer, passer outre... Passe outre, Victor, passe outre. Notre amitié est de celles qui seront toujours importantes, malgré le temps qui passe... Disons que je te crois ! Qu'est-ce qui t'a décidé à revenir ?

Un message. Touchant. D'un lecteur. Merci à lui. Il m'a permis de me souvenir qu'au-delà de l'écran, au-delà de ce mirabelle.over-blog.org, que j'ai laissé, il faut bien l'avouer, à l'abandon, il y a des gens, quelques uns, qui me suivent encore. Certains sont là depuis les premières heures, celles de la PE1, quand j'étais encore avec J., mon Mystérieux Inconnu, offrant avec impudeur (je le regrette aujourd'hui), notre amour houleux teinté de dépendance, d'autres découvrent ces lignes, en pointillé, mes silences, prolongés, mon bonheur, oui, mon bonheur, de mère débordée, d'instit' encore angoissée (non non, je ne change pas !), de femme aimée et qui aime encore tellement, au-delà de ses espérances.. Oui, il y a toujours des gens, derrière, au-delà, des gens avec leurs vies propres, leurs sensibilités, et ce lecteur m'a tellement touchée que je n'ai pas pu faire autrement que de revenir vers toi. Merci à lui, alors ! Comment vas-tu ?

Ca va. Ma fille a eu un an il y a un mois. Une drôle de date. De la fierté, le souvenir de la peur, de la douleur, de l'après surtout, quand je ne l'avais pas avec moi, les fils, les scops, le soulagement, énorme, à l'idée de ce qui n'arrivera plus, la crainte de ce qui arrivera peut être, encore, un jour, pour une deuxième grossesse, pour le petit frère ou la petite soeur, parce qu'il y a un risque, toujours un risque, mais le temps fait son oeuvre, petit à petit, j'apprends à me donner une chance, en tant que "ventre porteur", j'apprends à espérer qu'un jour, je pourrais voir mon bébé à sa naissance, juste après, le tenir tout chaud, tout moite, contre mon corps harassé de fatigue. Oui, j'espère, et la conscience de l'espoir, elle-même, est un espoir en soi. Ma fille a eu un an donc, et je continue d'aimer ma vie avec Lui. Tranquille ou presque. Parce que je suis comme suis, comme j'ai toujours été. Pas facile. "Un sacré caractère", me dit-il, avec tellement de tendresse dans la voix. Mais il m'aime. Comme ça. Passionnée, romanesque, tragédienne, tantôt enfant, tantôt adulte, il m'aime, et quasiment quatre ans après notre coup de foudre virtuel, puis notre coup de foudre réel, je pense toujours que je suis avec "le bon", comme on dit, quatre ans après il a toujours foi en moi, en nous, et j'en suis si fière. Pour toi, c'est un pas énorme...! Oui. Ca prouve beaucoup de choses. Nous découvrons la parentalité ensemble. Il est comme moi, sensible, et parfois il suffit d'un regard pour que nos émotions se croisent, tandis qu'elle se relève, seule, en se tenant à la table, ou quand elle vient me rejoindre à quatre pattes dans la cuisine alors que je l'appelle. C'est un lien si fort, tellement plus fort que ce que j'avais imaginé. Je suis heureuse de ne m'être pas trompée, cette fois, de l'avoir choisi lui pour construire ce lien pour la vie. Et à travers A., je le vois, tous les jours, même s'il paraît qu'elle est mon portrait craché, ses mimiques, son caractère (malheureusement elle est loin d'être facile elle aussi !), cette enfant c'est Lui et c'est Moi, et j'en suis encore à me demander comment un tel "miracle" est possible.

Bien sûr, je suis toujours moi. Torturée. Pleine de questions. A bientôt trente ans, je me fais une raison : c'est ma nature, je ne la changerai pas, je l'apprivoise, c'est tout. Nostalgique, mélancolique, pessimiste, c'est ce que je suis, même si je suis heureuse, c'est tout mon paradoxe. La vie passe, vite, les lessives, le ménage, les jeux avec A., les jeux tous les trois, la lecture sur le canapé (elle aime tellement les livres ! Non non, je ne l'ai pas influencée !), le Babycook qui tourne à plein régime, le boulot, aussi, même si, on m'avait prévenu, "on redéfinit ses priorités". Tout ça use tellement, le temps, la fatigue, que j'en oublie qui je suis, qui j'étais, la petite fille qui écrivait sur des petits cahiers à grands carreaux, qui illustrait ses textes, la jeune fille qui écrivait des poèmes, des "morceaux de roman", la jeune femme qui s'était dit, un soir : "tiens, si je tenais un blog ?". Oui, je l'avais oubliée, et grâce à ce lecteur, je m'en suis souvenue. Merci, lecteur mystérieux.


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