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Syrie: pourquoi Moscou devient-il la nouvelle capitale du monde ?

Publié le 11 mai 2013 par Menye Alain
Le président syrien Bachar el-Assad et son homologue russe Vladimir Poutine, en 2006, au Kremlin. © Klimentyev Mikhail / AFP

Le président syrien Bachar el-Assad et son homologue russe Vladimir Poutine, en 2006, au Kremlin. © Klimentyev Mikhail / AFP

Il est aberrant de lire ici ou là, que la "communauté internationale" est impuissante pour résoudre le dossier syrien. Les soi-disant observateurs et autres éditocrates ont, non seulement sous-estimé Damas, mais en plus, la Russie. Ne retenant jamais les leçons du passé, l’Occident se retrouve donc piégé, simplement parce que son discours est basé sur des paraboles du vide. A force de procéder par la falsification, le mensonge, la ruse et le diktat, tout comme dans le dossier libyen où, voilà ce qui arrive. Ils (les dirigeants occidentaux) avaient trituré les résolutions onusiennes, 1970 et 1973,  en allant tuer un chef d’Etat en exercice d’un pays souverain, en l’occurrence, le frère Guide Mouammar Kadhafi, sans qu’aucune loi internationale ne l’ait permis. C’est ainsi qu’ils se sont disqualifiés d’eux-mêmes, à vouloir tout diligenter. C’est ce que Moscou leur indique sans fioriture.

Tous sont obligés aujourd’hui, de passer par Moscou, non pour régler honnêtement le dossier syrien à savoir amener tous les protagonistes autour d’une table des négociations, mais veulent plutôt rééditer leurs exploits libyens en instaurant une hypothétique démocratie. Il s’agit-là, d’une démocratie d’exclusion, dont nous faisions état en juillet 2011, qui ne résoudra aucun problème. Encore aujourd’hui, on voit dans quel marigot d’horreur, ils ont plongé la Libye. Le ballet diplomatique qui voit tour à tour John Kerry le secrétaire d’Etat américain et David Cameron le premier ministre britannique défiler à Moscou n’est pas anodin. Ils viennent conter fleurette à la Russie mais rentre bredouille. C’est pourquoi John Kerry, qui dit une chose à Moscou une autre à Rome n’est plus crédible. Moscou n’a jamais varié d’un iota, ce qui fait sa force aujourd’hui. Ceux qui disent que c’est parce qu’il veut redorer son blason se trompent ou font semblant en n’évoquant pas le précédent libyen.

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. La démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » disait le président Lincoln. A Damas, les Occidentaux veulent ruser avec leurs propres principes. Une décadence certaine comme le révélait Aimé Césaire. Hier, à David Cameron, Vladimir Poutine a été clair.  Moscou honorera les contrats d’armement déjà conclus avec la Syrie, mais, semble-t-il,  ne livrera à Damas aucun missile antiaérien S-300. Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a démenti les informations duWall Street Journal, qui évoquait une telle fourniture. Ceci procède aussi de la propagande occidentale, qui accepte qu’Israël bombarde sans aucune preuve Damas, mais qui refuse que Damas puisse agir en retour.

D’ailleurs, jeudi, Israël a prié Moscou de ne pas vendre à Damas ces missiles antiaérien S-300, afin de pouvoir agir à loisir, sans aucun droit, en violant les espaces aériens libanais et syrien. Dans quel monde vivons-nous ? Justement, la peur gagne le camp des ennemis de la Syrie estampillé outrageusement "ami du peuple syrien". En effet, un S-300, est  en mesure d’atteindre des avions ou des missiles dans un rayon de 200 kilomètres. Et là, l’hypocrisie doublée du poker menteur de Washington surgit. Alors que c’est Israël qui déstabilise la région, Barack Obama exhorte son homologue russe de ne pas livrer ces armes à Damas, car ces armes sophistiquées pourraient "déstabiliser" la sécurité de l’Etat hébreu, argue-t-il. Un deux poids deux mesures ridicule et surtout triste.

Quant à Paris, qui enverra sans doute un représentant à Moscou dans les jours qui viennent, il n’est plus audible, à trop vouloir prendre les devants. "Nous allons armer les rebelles", "Bachar al-Assad doit partir" etc. Or, il suffit de se référer aux accord de Genève, pour comprendre que son jeu était et est diabolique. Aujourd’hui, que ce soit à l’Elysée ou au quai d’Orsay, après avoir pourtant contribué à pourrir la situation, on s’alarme d’une possible extension du conflit dans toute la région. Paris n’a-t-il pas justifié l’agression israélienne ? Paris n’a jamais parlé, une seule fois, de paix, de règlement pacifique du conflit, rien. Plus belliqueux que ça, tu meurs ! Les géopolitologues du dimanche parlent du jeu trouble de Moscou. Qu’ils sachent donc que, il y a deux façons de mettre fin à un conflit. Moscou veut un règlement pacifique, eux, ils veulent que la solution soit la force. Damas est entrain de le résoudre par la force, parce que l’Occident l’a voulu. Alors, venir encore parler du départ de Bachar al-Assad ou de transition sans lui c’est vouloir gagner sur tapis vert…Moscou, dans ses positions, n’a jamais varié comme les autres.

Le NIET de Moscou est salutaire !


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