Faut-il refaire Mai 1789 ?

Publié le 20 avril 2008 par Maldoror
Crédit photo: Griszka Niewiadomski/Stock Exchange

Mai 68 était une petite révolte d'étudiants privilégiés, qui voulaient avant tout pouvoir fumer du cannabis légalement et faire l'amour sans entrave. C'était une revendication ma fois fort légitime, dont j'ai bien profité dans ma jeunesse pour la première partie, et dont je continue à profiter pour la seconde, même si j'avais deux ans et demi en mai 1968.

Mais ce qui se profile à l'horizon n'a rien à voir avec 1968 : la déstabilisation mondiale, économique et politique, la crise alimentaire contre laquelle personne ne fera rien, au motif qu'il n'y a pas d'argent, alors qu'on a trouvé en urgence des sommes 10 fois supérieures pour sauver des banques et notre système capitaliste tout entier, ces derniers mois, tout ceci ne se fait pas à l'insu des peuples. Les peuples qu'on infantilise et qu'on oppresse, politiquement ou financièrement, ces mêmes peuples qu'on fiche, qu'on espionne, auxquels les gouvernements mentent éhontément, ces peuples sont las.

A notre niveau Franco-Français, toutes les lois liberticides, toutes les inégalités qui n'ont jamais été aussi criantes entre les différentes castes, oui castes, de la population, toutes les frasques de nos ministres et leurs dépenses en robes Dior et en aller-retour en jet privé, tandis que les Français ont de plus en plus de mal à remplir leur réservoir et leur caddie, tout ceci nous montre que tous les indicateurs sont au rouge. Le gouvernement a beau essayer de communiquer sur un chômage en baisse, nous connaissons tous, autour de nous, des chômeurs, des gens en emploi précaire, et nous savons tous que le gouvernement nous ment.

La chasse aux fumeurs, la chasse aux chômeurs, la chasse aux pauvres, la chasse aux libertés acquises en 1936 puis en 1968...

Il n'est que temps de réagir, messieurs les politiques et les grands patrons, messieurs les nantis, le peuple gronde, et ce n'est pas quand il viendra vous chercher aux portes de vos ministères et de vos sièges sociaux luxueux que vous pourrez encore espérer vous en tirer par une pirouette verbale, comme celle qui consiste à rejeter vigoureusement le mot de "rigueur", tout en appliquant méthodiquement un plan de démantèlement des protections sociales, après avoir donné 15 milliards aux plus riches, ou celle qui consiste à affirmer qu'on ne peut pas augmenter les salaires parce que les charges sociales sont trop fortes, tout en versant des dividendes colossaux aux actionnaires de vos grandes sociétés. Le peuple sait qu'une partie de son argent, qu'on refuse de lui verser en salaire, part en voitures de luxe, en vacances exotiques, en cocaïne et en call-girls, le tout aux frais des entreprises.

Dépêchez-vous, avant que nous ne refassions Mai 1789, et que nos députés ne soient à nouveau contraints de prononcer l'abolition des privilèges. Vos jets privés et vos médias inféodés ne pourront rien contre un peuple qui ne peut plus vivre décemment avec l'aumône qu'on lui donne tous les mois en guise de salaire, et qui vous voit vous vautrer dans le luxe et les parties fines.


PS : J'avais dit ailleurs que je ne posterais pas de billet de mauvaise humeur, aujourd'hui. J'ai menti. Peut-être que finalement, je pourrais postuler pour un emploi au gouvernement ?