Parfois, tu décides d’aller à la MEP, comme ça, comme si de rien n’était.
Bon, il est vrai que tu as mis plus d’une semaine à t’y déplacer, malgré de fermes projets avant-coureurs, mais non, c’est finalement ce dimanche-ci que tu choisis pour aller un brin te cultiver.
Il paraît, de plus, que le dimanche est un jour où il faut absolument sortir de chez soi. Il paraît même que cela a un nom : « la promenade dominicale ». Mais, non, toi, tu préfères ne pas y croire, le dimanche étant simplement pour toi le lendemain du samedi ou généralement tu te couches à 7h du matin (et là, tu avoueras que ça n’aide pas à sortir à la fraîche- vers 14 quoi – le lendemain).
Je crois que j’ai rarement fait une intro aussi pourrie mais j’assume. Il faut dire qu’il est 20h54, que je suis devant un bon petit Muscat et que j’attends du monde un peu plus tard (je prends donc un peu d’avance).
Bref. Aujourd’hui, je me suis donc rendue comme à mon habitude dans ce lieu convivial, intime et finalement assez peu connu qu’est la MEP (Maison Européenne de la Photographie, et c’est la dernière fois que je précise – avantage du premier billet spécial MEP session dans ces lieux déserts).
Lorsque je me suis préalablement renseignée sur le site Internet du musée, afin de faire connaissance avec la programmation (Salut toi, ça va ? / Oh oui merci et toi ?), voici donc que je lisais ce nom : Georges Rousse, évocateur de vagues souvenirs, et surtout que je tombais nez à nez avec cette photo :
Cliché non sans me rappeler l’oeuvre de Felice Varini créée à Saint-Nazaire pour la biennale Estuaire 2007/2009/2011.
Le rapport visuel m’est apparu sans détour, bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’une même démarche.
L’exposition rétrospective intutulée « Tour d’un monde », commencée il y a peu durera jusqu’au 8 juin.
L’oeuvre de Georges Rousse, artiste complet, à la fois photographe, architecte, sculpteur et peintre est d’une richesse incroyable et d’une originalité sans bornes.
Le principe est donc le suivant : l’artiste investit des lieux désaffectés / abandonnés / voués à la destruction -riches d’histoire(s), par conséquent – et, tout en « s’imprègnant de leur force plastique et spirituelle, ainsi que de la trace des hommes qui les ont parcourus, il y imprime sa marque. »
Et quelle marque ! Ce que je prenais au départ pour un travail plastique terminal, venant se figer sur des photographies in situ s’est révélé bien plus complexe (et la démarche inversée).
La démarche plastique (et c’est là que le talent de l’architecte d’intérieur prend toute sa valeur) vient donc en amont de la production photographique. Georges Rousse imprègne bel et bien le lieu de sa « touche », peignant, recouvrant, signant, écrivant sur ces murs spongieux pour un résultat sans équivoque. L’oeuvre, conçue sur le principe du trompe-l’oeil ou de l’anamorphose est en effet conçue pour n’être perceptible que du seul point de vue choisi par l’artiste, celui où il fixera sa caméra.
Le résultat est absolument bluffant.
Devant ces photographies quasi-picturales, l’oeil se perd, en recherche perpétuelle de repères et le cerveau a souvent bien du mal à fixer sur le papier glacé ses présupposés architecturaux.
Photographies empruntées sur le site de la MEP.
Je vous convie maintenant à aller jeter d’un peu plus près un oeil sur ces oeuvres de Georges Rousse, artiste qui, en 1996, avait été, déjà, invité à exercer ses talents sur l’hôtel particulier alors vide dans lequel la MEP a pris pied.
[Egalement à l’honneur jusqu’au 8 juin, une rétrospective consacrée à l’oeuvre de Valérie Belin, que j’ai, je l’avoue, moins su apprécier, à l’exception de cette merveilleuse photographie de la série « mariée marocaines », également porteuse d’un plasticisme latent.]
Très bonne fin de dimanche à vous.