Aujourd’hui, c’est à Florange, à Gandrange et à Aulnay-Sous-Bois qu’on manifeste pour garder le droit de continuer à faire les trois-huit pour trois fois rien. Jadis, c’était des mineurs qui se battaient contre la fermeture des puits de malheur dans lesquels ils échangeaient leur misère contre un peu de survie. La fierté ouvrière comme seul étendard, ils cheminent sous l’œil condescendant de ceux qui, sur les marchés, vendent paisiblement les fruits de leur labeur.
« Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libre » invectivait le jeune Étienne de la Boétie dans son Discours sur la servitude volontaire. En d’autres termes, cessez de réclamer des années supplémentaires d’asservissement, de soumission, de domination. Bref, ne demandez plus de travail. Exigez directement de l’argent !
Cet argent qui vous est dû pour avoir contribué à pérenniser, à faire croitre la notoriété et la valeur de votre entreprise. Cet argent qui vous est confisqué par quelques actionnaires dont le seul talent est d’avoir compris comment vous manipuler. Réclamez le et fuyez loin de ces mouroirs abrutissants, aliénants et concentrationnaires. Loin de vos bien nommées boîtes.
Depuis quelques décennies, le progrès social coïncide avec des semaines de travail de plus en plus courtes. D’importantes luttes syndicales ont permis de ne plus considérer l’être humain comme un simple outil de production mais davantage comme un individu muni du besoin naturel et nécessaire de profiter de sa vie au lieu de la sacrifier. Encore faudrait-il partager équitablement les ressources dans un pays comme la France qui n’a jamais été aussi riche de toute son Histoire. Donc, réformer en profondeur pour un partage plus équitable. Répartir sur de bonnes bases.
En attendant, des milliers d’êtres humains continuent de se tuer ainsi à la tâche. Et ne seront malheureusement jamais en mesure de profiter pleinement d’une retraite dont l’âge légal se rapproche de plus en plus de l’âge létal.
Guillaume Meurice
18/05/2013