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Max | Ce que tu fais

Publié le 19 mai 2013 par Aragon

IMG_2761arcencielnarrosse.jpgCe que tu as fait au plus petit d'entre les miens c'est à moi que tu l'as fait... mon cul oui, ce que j'ai fait je l'ai fait et c'est fait. Les écluses du ciel étaient ouvertes sur Dax vers 14h aujourd'hui. Je l'ai ramenée à la gare et je pleure car je l'ai trahie. Je nous ai trahis. Ça sert à rien de chialer car on chiale toujours sur soi jamais sur l'acte. L'acte est fait et bien fait.

Y'a un pouceux vers Narrosse qui pouce sous ce déluge universel. Je m'arrête dans les règles, n'empêche, la voiture qui me suit me hurle à mort, j'entends très nettement son klaxon qui me dit qu'est-ce que c'est que ce connard qui s'arrête comme ça sous le déluge sur la route. Le mec monte dégoulinant. Je repars vite. Où allez-vous ? Pau. Orthez, c'est pas ma route mais ça vous avancera. OK. C'est un taiseux moi aussi. Trempé de chez trempé le mec. Je mets le chauffage et le désembuage car en montant il a amené toute sa densité humaine de buée, instantanément. Il caille je le sens il dit rien. Vingt bornes plus loin je lui demande bêtement s'il a faim. Il me répond que oui et sa réponse me surprend. Il a pas mangé à midi. Et ce matin ? Non plus et hier soir ? Non plus. J'arrête là. Il me dit qu'il a pas de fric, c'est tout. Aussi simple que ça.

Orthez. Ça vous dit un Mc Do c'est le seul truc ouvert un dimanche dans ce bled. Oui, et ses yeux se mettent à briller que s'en est incroyable. L'oiseau a des yeux qui brillent. Deux sacs de menus Big machin chose avec deux cocas, un pour maintenant et un autre pour tout à l'heure. Merci, et ses yeux se remettent à briller. Il voit pas les miens car j'ai mes lunettes de soleil.

Gare d'Orthez. Si je prends un billet pour Toulouse ça vous va ? Il m'a dit auparavant qu'il voulait aller à Toulouse. Là, il fera le 115 et pourra se reposer deux jours. Mardi il aura son argent de disponible à la Caisse d'Epargne. M'a dit tout ça en mots économiques. Mots tout simples. Il a besoin de se reposer il est fatigué. Me le dit avec ses mots économiques, pas de pathos pour faire pleurer le Max dans sa foutue chaumière. L'est pas comme ça ce mec. Je prends un billet Orthez/Toulouse. Je sors un bifton de cinquante piastres pour payer la guichetière et lui donne la monnaie qu'il reste billet pris. Rebelote, ses yeux rebrillent doux et forts.

Bon, je lui dis, faut patienter jusqu'à 16h40 mais en attendant ça sent vachement bon dans le paquet, faut becter tant que c'est chaud. Il dit rien, ses yeux parlent à nouveau. Je pleure et ça sort en-dessous de mes verres noirs. C'est pas lui. C'est ma trahison. C'est comme ça, aussi con que ça des larmes inutiles. Il s'était assis il se relève, il me dit en me mettant la main sur l'épaule comme s'il avait senti quelque chose ce foutu oiseau trempé de maudit pouceux devant l'Eternel : "Prenez soin de vous".

Je lui souhaite bon train et je me barre. Ce qu'on fait on le fait, faut assumer. Faut tout assumer dans sa vie.


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