Israël Eliraz | L’instant né au bout du doigt

Publié le 20 mai 2013 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour




Ph., G.AdC


L’INSTANT NÉ AU BOUT DU DOIGT

oui le plus lourd
est le dedans.  

où se consume  
la chose simple.

Esther Tellermann,
Encre plus rouge



il est tellement difficile de trouver
le commencement (Wittgenstein)


on n’invente pas des choses on les
accepte entre œil et fourchette


mettre les morceaux en scène, çà et là,
à attendre leurs mutations.
Autrement dit, être à la limite des choses perdues



*


soudain les choses prennent connaissance
de leurs vraies natures en célébrant
l’instant né au bout du doigt


la fourmi qui dit ceci, là, sa
façon d’être dehors


Bob* dit, nothing wiser than a moment.



*


ne me parle pas de la non-forme (qui
se trace dans la transparence de l’après-
midi) cela peut paraître une excuse


comme toute mythologie


des choses simples dédoublées dans un
mot plat, perdu dans la bouche


l’essence s’écrase, se vide


*


les choses (toujours sans majuscules)
prennent soin d’elles-mêmes selon
une vieille habitude


rétablir un fait dérivé d’un fait
comme d’un seul trait
c’est l’exploit



ce qui s’ouvre et se dédouble à perte de vue


*


il faut se tenir aux choses, s’agripper
aux indications, arriver
au presque rien


une poignée de fragments d’un
matin volumineux, début août


elle est là simplement, la vanité

Jérusalem
2006  


______________________
* Bob, Robert Creeley


Israël Eliraz, “L’instant né au bout du doigt”, in Hommages, revue NU(e), Numéro 39, Esther Tellermann, juin 2008, pp. 101-102-103.





ISRAËL ELIRAZ

Source

■ Israël Eliraz
sur Terres de femmes

apprends du monde verdoyant où est ta place…
→ le désert est
→ maintenant comment poursuivre ?
→ La Pierre (+ notice bio-bibliographique)
→ Poème n’est qu’un lieu
→ revenir au milieu



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