Titre
: SuperDupont T.1Editeur
: AUDIE, collection « Les Albums Fluide Glacial »Auteurs
: Lob, Gotlib & AlexisAnnée
: 1982
Résumé
: La
France va mal, la morosité se répand sur tout le pays. Comment ça
? La morosité n'a pourtant rien de naturel dans notre beau pays !
Quelqu'un doit trouver la solution. Mais devant un problème de cette
ampleur, une seule personne peut agir et dénouer l'infâme complot
mis en place par des ennemis de notre beau pays, et cette personne
est... Superdupont ! Le seul et unique Super-Héros 100% Français. « Echec
aux Empoisonneurs » est suivie de quatre autres aventures du
plus grand défenseur de notre splendide nation ! Le
ton est donné. Parodie de super-héros, mais aussi auto-dérision
totale et flagrante. Voilà la recette de SuperDupont. Le personnage
principal est une sorte de SuperMan franchouillard dont les pouvoirs les
plus déroutants sont « l'opiniâtreté du Breton, la droiture
de l'Auvergnat, l'aisance du Parisien, l'idéalisme du Normand et le
béret du Basque », pour citer les auteurs.Les
complots des ennemis de la France sont source d'amusement pour le
lecteur. J'ai commencé à rire à la deuxième case ! Gotlib, Lob
et Alexis ne se prennent pas au sérieux et s'amusent au même titre
que nous. Les
textes pompeux et plein d'emphases sont de mise et me font toujours
sourire. Les intrigues simples, basées sur des idées tordues sont
bien trouvées. SuperDupont
est certes un héros figé dans sa droiture et son honnêteté, mais
de manière tellement excessive qu'il en est drôle. De
plus, c'est l'occasion de revoir Pompidou ou Giscard, ce qui ancre la BD dans une époque précise, et nous replonge dans la France des années 70. Les
dessins sont de deux types. La première histoire est réalisée par
Gotlib et les suivantes par Alexis. Les
choix de Gotlib sont en cohésion totale avec l'histoire. Dérision
et excès sont visuellement présents, et rajoutent encore plus à la drôlerie de
l'histoire. Le trait est assez caricatural tout en étant réaliste.
Alexis adopte un dessin moins tranché, bien que plus réaliste, plus
en ombre et lumière. Il reprend quelques idées de la première
histoire, comme les trois conseillers présidentiels qui s'avèrent être des triplés, mais
il reste plus classique dans son choix de poses des
personnages. La
BD est en noir et blanc, normal vu qu'elle est sortie d'abord dans le
magazine Fluide Glacial. Certains passages nous font comprendre que
ce devait être dans les premiers numéros (les derniers « épisodes » sont issus des n°11 et 12 du magazine).Le
cadrage reste simple dans l'histoire de Gotlib. La force et le
dynamisme venant plus des angles de vues et des attitudes des
personnages. Si
Alexis a fait un choix plus classique à ce niveau-là, il a par
contre opté pour des cases au format complètement éclaté. Grande,
petite, penchée, éclatée, voire totalement inexistante comme
dans a dernière histoire. La
puissance graphique de ses aventures repose sur ce choix de cadres
qui surprend toujours. A
mes yeux, SuperDupont reste une grande réussite, qui s'est ensuite déclinée
sur cinq albums. Cette
chronique représente aussi pour moi l'occasion de rendre un petit hommage à
Alexis, décédé trop tôt en septembre 1977 à l'âge de 30 ans.
Ses dessins m'enchantent encore aujourd'hui.Je
ne peux que vous inviter à relire la série de trois Tomes des
Timoléon, dessinées par Alexis et écrites par Fred. J'ai
la faiblesse de croire que les âmes de ces deux hommes se sont retrouvés et
qu'ils doivent rire encore de toutes ces nouvelles histoires qu'ils
imaginent ensemble, et que nous ne lirons sans doute jamais... de
notre vivant.David