SuperDupont, T1

Publié le 22 mai 2013 par 7bd @7BD
Titre : SuperDupont T.1 Editeur : AUDIE, collection « Les Albums Fluide Glacial » Auteurs : Lob, Gotlib & Alexis Année : 1982


Résumé : La France va mal, la morosité se répand sur tout le pays. Comment ça ? La morosité n'a pourtant rien de naturel dans notre beau pays ! Quelqu'un doit trouver la solution. Mais devant un problème de cette ampleur, une seule personne peut agir et dénouer l'infâme complot mis en place par des ennemis de notre beau pays, et cette personne est... Superdupont ! Le seul et unique Super-Héros 100% Français. « Echec aux Empoisonneurs » est suivie de quatre autres aventures du plus grand défenseur de notre splendide nation ! Le ton est donné. Parodie de super-héros, mais aussi auto-dérision totale et flagrante. Voilà la recette de SuperDupont. Le personnage principal est une sorte de SuperMan franchouillard dont les pouvoirs les plus déroutants sont « l'opiniâtreté du Breton, la droiture de l'Auvergnat, l'aisance du Parisien, l'idéalisme du Normand et le béret du Basque », pour citer les auteurs.  

Les complots des ennemis de la France sont source d'amusement pour le lecteur. J'ai commencé à rire à la deuxième case ! Gotlib, Lob et Alexis ne se prennent pas au sérieux et s'amusent au même titre que nous. Les textes pompeux et plein d'emphases sont de mise et me font toujours sourire. Les intrigues simples, basées sur des idées tordues sont bien trouvées. SuperDupont est certes un héros figé dans sa droiture et son honnêteté, mais de manière tellement excessive qu'il en est drôle. De plus, c'est l'occasion de revoir Pompidou ou Giscard, ce qui ancre la BD dans une époque précise, et nous replonge dans la France des années 70. Les dessins sont de deux types. La première histoire est réalisée par Gotlib et les suivantes par Alexis. Les choix de Gotlib sont en cohésion totale avec l'histoire. Dérision et excès sont visuellement présents, et rajoutent encore plus à la drôlerie de l'histoire. Le trait est assez caricatural tout en étant réaliste. Alexis adopte un dessin moins tranché, bien que plus réaliste, plus en ombre et lumière. Il reprend quelques idées de la première histoire, comme les trois conseillers présidentiels qui s'avèrent être des triplés, mais il reste plus classique dans son choix de poses des personnages. La BD est en noir et blanc, normal vu qu'elle est sortie d'abord dans le magazine Fluide Glacial. Certains passages nous font comprendre que ce devait être dans les premiers numéros (les derniers « épisodes » sont issus des n°11 et 12 du magazine). Le cadrage reste simple dans l'histoire de Gotlib. La force et le dynamisme venant plus des angles de vues et des attitudes des personnages. Si Alexis a fait un choix plus classique à ce niveau-là, il a par contre opté pour des cases au format complètement éclaté. Grande, petite, penchée, éclatée, voire totalement inexistante comme dans a dernière histoire. La puissance graphique de ses aventures repose sur ce choix de cadres qui surprend toujours. A mes yeux, SuperDupont reste une grande réussite, qui s'est ensuite déclinée sur cinq albums.  Cette chronique représente aussi pour moi l'occasion de rendre un petit hommage à Alexis, décédé trop tôt en septembre 1977 à l'âge de 30 ans. Ses dessins m'enchantent encore aujourd'hui. Je ne peux que vous inviter à relire la série de trois Tomes des Timoléon, dessinées par Alexis et écrites par Fred. J'ai la faiblesse de croire que les âmes de ces deux hommes se sont retrouvés et qu'ils doivent rire encore de toutes ces nouvelles histoires qu'ils imaginent ensemble, et que nous ne lirons sans doute jamais... de notre vivant. David