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La véritable origine de l’automne (29)

Publié le 22 mai 2013 par Nicolas Esse @nicolasesse

Adam se figea. Sa bouche s’ouvrit et il voulut parler. Du fin fond de sa gorge remonta tout un fracas de tuyaux percés suivi d’un gargouillis humide et étranglé. Il regardait fixement ce point précis où, d’après Brassens,

Le dos (d’Ève) perd son nom avec si bonne grâce
Qu’on ne peut s’empêcher de lui donner raison

Comme Brassens, il pensa que

Pour obtenir, madame, un galbe de cet ordre
Vous devez torturer les gens de votre entour
Donner aux couturiers bien du fil à retordre
Et vous devez crever votre dame d’atour

Mais Adam, qui n’était pas Brassens, ne tira de cette vision aucune rime et pas la moindre chanson. Au moment où il découvrit enfin le plan d’eau ondulant où venaient chuter ces reins, son corps tout entier fut parcouru d’un frisson. Son estomac se contracta. En l’espace d’une seconde il sentit tout son sang quitter d’un seul coup son cerveau pour suivre le principe des vases communicants et affluer vers un point bien précis de son anatomie, juste en dessous de la ligne de ses hanches, à cet endroit où il avait cru deviner un serpent. Alors, pour une raison inconnue et sans qu’aucun son de flûte ne s’élève dans le huitième matin du monde, ce serpent qui n’en était pas un se mit doucement à relever la tête, passa par l’horizontale et continua sans mollir sa progression vers le ciel qu’il finit par désigner, oblique, fier et attentif aux moindres indications du vent.

Intriguée par ce long silence, Ève se retourna. Devant elle, Adam était en arrêt sur image. Figé. La lippe inerte et le regard bloqué. Il n’y avait manifestement plus d’abonné au numéro demandé. Baissant les yeux, elle prit la mesure de l’ampleur de la transformation morphologique qui s’était opérée à son insu.

Devant elle, un gros caillou traînait par terre. Sans quitter Adam des yeux, Ève se baissa doucement.

Retrouvez Georges Brassens et sa Vénus Callipyge



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