En ce moment le sommeil tente de me retenir par tous ses doigts, qui ne m’ont jamais semblé aussi puissants . Et je ne sais pourquoi, une inquiétude me taraude pourtant, une sensation très douce mais si prégnante de ne pas être à ma place au moment ou j’y suis, de devoir expier une faute ignorée dans l’instant où elle était commise. La nuit m’est douloureuse.
Mais je connais cela par cœur, me diras-tu. Tu auras raison. Il est simplement plus difficile aujourd’hui de sortir du lit qu’hier. Et cela me ressemble si peu, et j’en ai si peu l’habitude. Et j’en suis troublée.
Que faire de ses nuits, lorsque le sommeil qu’elles offrent devient source de conflits ? Voici l’une de ces questions que je passerai ma vie entière à poser, je suppose. C’est long, c’est si long, une nuit, si désespérément difficile à atteindre, et tellement aimée, aussi. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je maudis ce sommeil de plomb qui tente encore de me tenir liée, mais j’en courtise chaque seconde d’oubli offerte. Je meuble mes instants, comme autrefois. Sans plus de rage, juste avec le sentiment d’accomplir un devoir, ou peut-être un rituel, mon rituel, celui qui que j’ai mis tant d’années à inventer. Et j’ai l’impression de ne jamais progresser.
Je hais les nuits.