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Max | François et ma mère

Publié le 29 mai 2013 par Aragon

450_300_62ff67c73100fe0f685ea220cevert8.jpgCurieux les neurones, leurs connexions sublimes. L'est sept heures du soir ce soir, je pense fort à ma mère et à François Cevert qu'on appelait "le Prince". Le jour de son enterrement dans le petit cimetière de Vaudelnay (Maine-et-Loire), dieu que la Terre et le ciel étaient tristes. Nous étions serrés autour de la famille, y'avait Tyrell,  Hill et Stewart, nous tous comme des poussins transis sous la dure flotte d'un orage.

C'était y'a un certain temps. Je courais les circuits de F1 de par le monde. Rencontré du beau linge : Stewart mon idole, Cevert, beau comme un dieu, doué comme le diable, Fittipaldi, Ickx... Et ces virolos pas possible : "Parabolica" de Monza, Müllenbach du "Ring", "S" de Watkins Glen fatal à François le six octobre 1973...

Je pense à tout ça, dimanche mon père se croit sûrement dans la ligne droite des Hunaudières avec son tricycle à pédale trafiqué. Record du meilleur tour départ arrêté sur le stade. Il rentre fier comme un bartabac. Descend de son engin de retour à l'écurie... et patatras se viande lourdement. Oh, c'est pas glorieux, c'est pas un accident sur le circuit, mon trip retour sur image du passé s'arrête là, mais je pense à tous ces "potes" des circuits de F1 de l'époque où tu pouvais aller librement dans les paddocks, discuter, prendre des photos...

Mon vieux pilote de père s'est ramassé tout seul, trahi par sa patte gauche qu'a lâché au moment où il posait le pied par terre. Si heureux d'avoir fait ses cinq tours de stade. Fête gâchée. Le tricycle qu'il lâche pas lui tombe dessus, il est dessous, emmêlé, il redresse sa F1 rageusement, se relève, ouiche il arrive à se relever tout seul. Ma mère à son carreau voit la scène, pige et arrive avec la voiture balai pinpon... Elle lui prend l'aile, lui dit mon pauvre vieux qu'est-ce qui t'arrive ? Ils rentrent, elle le soigne, le frictionne, il a mal, il a encore mal aujourd'hui...

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Ma sainte mère laïque apostolique, ma sainte mère mécréante athéisante, ma sainte mère de toutes les fois laïques retrouvées, ma sainte mère de toutes les joies de vivre, ma sainte mère de toutes les simplicités, ma sainte mère de toutes les causes perdues, ma sainte mère de tous les mômes paumés des environs, ma sainte mère de tous les chats affamés pustuleux et miaulants à pas d'heure, ma sainte mère de tous les chiens abandonnés et battus, ma sainte mère pédalant sous la pluie pour aller à Intermarché ou au jardin, ma sainte mère cousant jusqu'à minuit, ma sainte mère meilleure cuisinière du monde, ma sainte mère de toutes les intelligences paysannes, ma sainte mère briquant son escalier monumental à quatre pattes, ma sainte mère jamais malade visiblement, ma sainte mère ne se plaignant jamais, ma sainte mère de sainte mère comme Bahia de tous les saints, ma sainte mère frottant - oignant - le dos douloureux de mon père son mari qui l'est et le sera ad vitam aeternam jusque dans l'urne c'est décidé, ma sainte mère chiante comme la mort parfois, ma sainte mère au coeur énorme de sainte mère si mère, ma sainte mère présente dans tous les jours et les nuits de son ménage, ma sainte vieille et héroïque mère s'occupe de mon père qui s'est planté dans sa F1...

NDLR : Ma sainte mère adore Chopin et Jean Ferrat alors je lui poste "la Grande Valse Brillante" et "Un jour"


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