Edoardo Sanguineti | [ma come siamo, poi, noi ?]

Publié le 31 mai 2013 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

[MA COME SIAMO, POI, NOI ?]

15.

Ma come siamo, poi, noi (gli italiani)?
la questione fu presa di petto, e strenuamente
sviscerata, una sera, a una cena, al Montefiore del Mishkenot, con alcuni opulenti
semibulgari (e con semibulgaressa, o bulgaressa proprio, solidissima):
  (es.:
siamo sensuali? sessuali? sensibili?): (siamo sessuatamente sensati?): (sensatamente
sessuati?): (tutto dipende, alla fine, dalla lingua che ti sei scelto): (dalla lingua
che ti sei subito, sopratutto): (e qui, come da tanti squisiti fumi passavi, sei stato
violentato da scariche di implacabili fotografie (e di implacabili lingue) passive):
(e la lingua passiva, lo vedi, anzi lo senti (sensibilmente lo senti, se lo senti):
(se la senti): la lingua è già, da sola, un’ansiogena anfibologia: sessualmente
sensata, per l’appunto):
  tale mi fu l’ultima sera, che mi fu l’ultima cena, e che fu,
come da programma, intiera, un sexy-booze and –schmooze:
  (gaio usque ad mortem):


[MAIS COMMENT SOMMES-NOUS, SOMME TOUTE, NOUS ?]

15.

Mais comment sommes-nous, somme toute, nous (les italiens ?)
  la question fut prise de front, et vaillamment
disséquée, un soir, à un dîner, au Montefiore du Mishkenot, avec quelques opulents
semi-bulgares (et avec une semi-bulgaresse, ou véritable bulgaresse, solidissime) :
  (par ex . :
sommes-nous sensuels ? sexuels ? sensibles ?) : (sommes-nous sexuellement sensés ?) : (sexués
de manière sensée ?) : (tout dépend, en fin de compte, de la langue que tu t’es choisie) : ( de la langue
que tu as subie, surtout) : (et ici, comme par tant d’exquises fumées passives, tu as été
violé par les décharges d’implacables photographies (et d’implacables langues) passives) :
(et la langue passive, tu le vois, ou plutôt tu le sens (sensiblement tu le sens, si tu le sens) :
(si tu la sens) : la langue est déjà, à elle seule, une anxiogène amphibologie : sexuellement
sensée, précisément) :
  telle fut pour moi la dernière soirée, qui fut pour moi le dernier dîner, et qui fut,
comme prévu, tout un sexy-booze and -schmooze :
  gaio usque ad mortem) :


Edoardo Sanguineti, Corollario | Corollaire [Feltrinelli editore, 1997], Éditions Nous, Collection Now, 2013, pp. 27 et 85. Traduit de l’italien par Patrizia Atsei et Benoît Casas, Préface de Jacques Roubaud.



  EDOARDO SANGUINETI

  
  Source

  ■ Edoardo Sanguineti
  sur Terres de femmes

Ballade des femmes
→ je t’explore, ma chair
→ Wirrwarr
→ 18 mai 2010 | Mort d’Edoardo Sanguineti
→ 4 juillet 1969 | L'Orlando Furioso mis en scène par Luca Ronconi (interview d’Edoardo Sanguineti)

  ■ Voir | écouter aussi ▼

une bio-bibliographie d'Edoardo Sanguineti sur le site du cipM (centre international de poésie Marseille). On peut aussi y entendre Edoardo Sanguineti (et non pas Sanguinetti) dire à voix haute un extrait de Postkarten (Éditions l’Âge d’Homme, 1985). Edoardo Sanguineti ["a toujours estimé que ses poèmes étaient destinés essentiellement à la fonction vocale."]
→ (sur YouTube) une interview d’Edoardo Sanguineti (Source : Feltrinelli editore)




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