Magazine Journal intime

« Lolo goes fishing »

Publié le 22 avril 2008 par Jlhuss

Résumé des épisodes précédents : previously, on « Lolo goes fishing »

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Après une première expérience apocalyptique, Lolo semble définitivement guéri de la pêche en mer. Mais c’est compter sans le destin, ce facétieux farfadet aux mille détours inattendus, qui le met un beau jour en présence d’un géant roux répondant au prénom relativement peu usité de Silvère…Psychologue scolaire de son état, Silvère nourrit une passion même pas secrète : la chasse sous-marine, en apnée, art qu’il maîtrise à la perfection et auquel il se fait fort d’initier un Lolo dont les aptitudes naturelles à rester dans l’eau sans respirer font déjà l’admiration de ses enfants, chaque soir au bain.

L’apprentissage est long, fait de petites victoires sur le chronomètre, mais qu’importe : Lolo voit s’ouvrir à lui l’univers liquide et salé de l’Océan Indien, et s’émerveille de découvrir que sous l’eau, le mal de mer n’existe pas ! Il a mordu à l’hameçon, le filet de la passion se referme sur lui, les écailles lui poussent, l’homme de l’Atlantide, c’est lui !

*

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Dès lors, tous les soirs, son dernier cours à peine terminé, tel Clark courant aux toilettes du Daily Planet pour en ressortir sous l’apparence de Superman, Lolo fait trois tours sur lui-même et le voilà revêtu de son habit d’homme-grenouille, combinaison hyper professionnelle offerte par ses amis pour son anniversaire, il ne lui reste plus qu’à enfiler son casque de moto et à rejoindre, en scooter, Silvère qui l’attend harpon à la main sur la plage de l’Etang-Salé (je vous laisse imaginer le tableau…Question réputation, on est grillés dans le quartier !)

Non, sans rire, il est doué, le Lolo ! Le mois dernier, il a pris un perroquet, plusieurs rouges, un calamar d’au moins 40 cm, divers chirurgiens et licornes, et ce soir… ce soir… une raie ! De dix kilos ! ronde comme un cratère, visqueuse et luisante, recto noir tacheté et verso blanc comme neige, avec la longue nageoire fine comme une queue de vache et hérissée d’ardillons venimeux !

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 < La belle pêche!

Par réflexe, j’ai commencé par râler : « Quoi ! Une raie ! Comment as-tu pu tirer sur une raie, alors qu’on les voit, les mêmes, à la télé dans Ushuaia ! Et pis, tu mets du sang partout ! etc. etc. » (mais à mi-voix quand même et à grand renfort de haussements de sourcils éloquents, parce que les enfants étaient là, et qu’on ne se désavoue pas devant les enfants, c’est la règle !)

Et puis, gagnée par l’enthousiasme général, et honteuse d’avoir ainsi gâché la joie de Lolo, j’ai admis que, ben dis donc, oui oui oui, elle était sacrément belle, cette raie, et que bon, ça n’est pas pire de pêcher une raie qu’un gardon, et que, certes, j’en mange bien de la viande, même des mignons lapins et de coquets poulets, bref, j’ai fini par applaudir des deux mains et par prendre les photos, tandis que Lolo nous racontait comment il avait failli perdre son fusil, entraîné au fond par le poids de la bête, comment il était remonté prendre de l’air à la surface avant de retourner chercher poisson et harpon par quinze mètres de fond, tentative infructueuse renouvelée avec succès par un Silvère d’un gabarit légèrement supérieur à celui de Lolo (quinze centimètres et trente kilos de plus…)

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A l’heure qu’il est, la raie doit déjà mijoter dans la casserole de Gilette, au feu de bois, s’il vous plaît ! (je suis incapable de toucher, vider, découper du poisson, ça me donne des frissons de dégoût, beurk, je peux à la rigueur en enfermer une darne dans une papillote et zou, au four, mais c’est tout !) Lolo se console (ou se fait du mal…) en lisant des recettes dans le Larousse de la cuisine, qui nous apprend que « sa chair blanc rosé est très fine » et que « le foie de raie est une vraie gourmandise à faire frire ou poêler une fois poché. » Bon. Je suis quasi certaine que Gilette nous en donnera un peu, et même si elle a plus de chance d’être au piment qu’au beurre noir, nous ferons honneur, non seulement à la cuisinière, mais au talent de mon pêcheur de mari : quand je pense qu’en cas de retour forcé à la nature, il pourrait nourrir sa famille ! Qui peut en dire autant ?

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 < Les calamars

Lod


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