L’instrument à vent de prédilection des charmeurs de serpents servira ici aussi à dompter l’opinion publique afin de lui ôter toute velléité belliqueuse. Ainsi verra-t-on se dandiner au rythme des annonces, les observateurs, commentateurs et autres habitués de la politique-spectacle. Une énième et toujours aussi navrante représentation nationale qui peine à faire vibrer les foules, dans une cinquième République à bout de souffle.
Et pour cause, tout le monde connaît la musique : si personne n’est irremplaçable, tous les ministres sont interchangeables. Ainsi, nulle surprise si celui de l’agriculture remplace celle de la culture. Si celui de l’économie succède à celle de l’écologie. Si celui de l’intérieur se délocalise au commerce extérieur. Ainsi évoluent les carrières de ces solistes polyvalents. Experts en rien. Spécialistes en tout.
Dès lors difficile d’éviter les fausses notes, les couac. Un énarque sensé régler les problèmes des paysans, mais incapable de définir la superficie d’un hectare. Un polytechnicien en charge de l’Éducation nationale n’ayant fréquenté aucun lycée depuis son départ d’Henri IV. Un normalien ministre de la jeunesse n’ayant plus toute la sienne.
Aucune vision d’avenir, aucun courage politique, aucune connaissance des enjeux du terrain. Ainsi, la composition d’un gouvernement ne procède pas d’une conjugaison de compétences et de talents, mais davantage d’une réunion de comptables devant un chef qui orchestre sans souci d’harmonie démocratique.
Aujourd’hui plus que jamais, chaque citoyen se doit de ne rien attendre de ces gens qui, à défaut d’écouter, se contente de ne pas entendre. Ainsi devons-nous écrire et jouer notre partition. Trouver les clés de notre propre cheminement. Agir sur ce qui est à notre portée.
En attendant que cesse la cacophonie. Car s’ils faisaient enfin silence, peut-être entendraient-ils nos soupirs.
Guillaume Meurice
03/06/2013