Tête littéraire

Publié le 12 juin 2013 par Zebralefanzine @zebralefanzine

A vrai dire je connais mieux le bar "Jack Kerouac" que les bouquins de Kerouac. C'est dans un quartier de putes intouchables et d'enseignes lumineuses qui clignotent pour tenter de faire passer ce quartier plutôt minable de San Francisco pour un endroit de rêve pour les touristes noctambules. Le genre Pigalle.

Le premier soir à San Francisco, mon pote Henri qui est logé à quelques rues, m'entraîne dans ce rade avec une amie. - Je suis bien content qu'il n'y ait pas de bar "Louis-Ferdinand Céline" à Montmartre, je lui dis dans un américain encore hésitant, et il me regarde un peu perplexe. Il faut dire que Céline a craché plus que Kerouac sur les drogues que les élites injectent dans les veines du peuple pour qu'il se réveille le plus tard possible.

La vodka du bar est excellente pour quelqu'un comme moi qui déteste ordinairement ce breuvage de pollack, et mon pote Henri n'a aucune peine à me faire siffler les 3/4 de la bouteille. Et je passe ensuite la moitié de la nuit à aller dégueuler ce que j'ai bu dans les toilettes. Je m'efforce bêtement de faire bonne figure, pour ne pas passer pour un pédé auprès d'Henri dès le premier soir. Il ne se doute de rien, mais je me jure de ne plus ingurgiter que des alcools français à l'avenir. On cause un peu de Bukowski, que je connais mieux. Bukowski déteste les médecins et la médecine ; c'est très rare de la part d'un Allemand ; il y a une ou deux pages où Bukowski insulte les médecins, très bien foutues. Si Kerouac fait ça quelque part, merci de m'indiquer où.

Si Henri est pédé, je l'ignore, et je crois que je ne le saurai jamais ; pour les Yankees, le sexe est un truc si important qu'ils aiment bien faire tout un tas de mystères à ce sujet. Exactement comme les nonnes. Mme de Staël dit ça à propos des Allemandes : "Elles sont prêtes à tout pour une histoire de coeur." Les Américains, plus encore que ça : ils sont prêts à bousiller leur vie. Les Yankees sont des Allemandes. Mon pote Henri, lui, c'est le moins cinglé de tous. Il m'a fait visiter les Etats-Unis, comme Virgile fait visiter les enfers au poète Dante.

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