Vous vous souviendrez que j’avais fait, il y a un petit temps déjà, mon coming out de bloggueuse-écriveuz avec Elle, sans grand succès, contre toute attente. J’attendais un chouia de fierté devant mon talent intersidéral (mais si mais si, ne sois pas modeste Anaïs), j’ai récolté l’indifférence. Si vous avez oublié, allez relire ceci. epuis lors, croyez-le ou pas, mais c’est un revirement de situation total. Tout Namur est maintenant informé de mon existence. Toute la Belgique, même. Elle est fière de chez fière, et elle le crie haut et fort. Sa petite Anaïs qui écrit dans 7dimanche et va sortir un livre, faut que ça se sache. Que ça traverse les frontières, voire les galaxies.
J’ai dès lors décidé de retenter le coup du coming out avec Lui, histoire de voir si Lui aussi réagirait de manière totalement inattendue, à savoir, les larmes, l’émotion, les félicitations, la fierté visible dans des yeux un peu trop brillants, et j’en passe et des meilleures.
Passqu’en général, c’est pas pour dire, mais quelle que soit la nouvelle que j’annonce, que je suis condamnée et qu’il me reste trois mois, que je suis enceinte de triplés, que je pars en Afrique être épouse de trois hommes, que j’ai gagné trois millions au lotto, que j’ai marché dans trois flaques sur le chemin, que j’ai découvert qu’une troisième fesse me poussait là derrière, la réaction est totalement identique : une indifférence massive et totale. D’ailleurs, je doute que l’information parvienne au cerveau. Elle traverse les neurones, pourtant bien existants, telle une étoile filante, et part se perdre dans le néant.
L’expérience promettait donc d’être passionnante.
J’ai commencé en douceur. Alors qu’il me parlait des vertus d’internet, notamment en matière de bourse, sujet ô combien captivant, j’ai placé « au fait, j’ai créé un blog, ça me passionne et j’ai découvert que j’adorais écrire ». Réponse « pour la bourse, moi je me connecte chaque jour, je gagne un temps fou ».
Flop.
Bon, c’est vrai que des centaines de milliers de personnes ont un blog, hein, c’est pas l’info du siècle.
J’ai persisté. Alors qu’il me parlait de l’Echo de la bourse, sujet toujours captivant, j’ai tenté de dire « tiens en parlant de presse, j’écris chaque semaine pour 7dimanche tu connais ? » Réponse « donc l’écho de la bourse, c’est vraiment le nec plus ultra ».
Flop.
Bon, c’est juste que la feuille de chou du dimanche, qui ne parle pas trop de la bourse, c’est pas son truc. Chacun ses goûts.
J’ai signé. Et j’ai tenté le tout pour le tout. A l’aide d’un pieux mensonge (un mensonge utile est toujours pieux). Au moment où il évoquait un recueil dont il attendait la parution, parlant de la bourse, j’ai acquiescé « tu pourras bientôt attendre la parution du mien, de livre, si ça te tente de me lire » (pieux mais censé atteindre le neurone de l’intérêt soudain pour un projet attrayant, car au moment de cette expérience, rien n’était sûr, ni pour Anti Saint-Valentin, ni pour le Célibat des paresseuses qu’a changé de nom). Réponse « faut absolument que j’aille voir la date de sortie exacte de ce livre, pour le commander au plus tôt ».
Flop.
Après tout, un livre, même hypothétique, c’est rien de vraiment captivant.
Soudain, une lueur d’intérêt dans ses yeux. Il me dit « tiens, tu fais toujours tes traductions ? ». J’ai jamais fait de traduction de toute ma vie. Damned. Tout espoir est vain.
Expérience sociologique terminée. L’indifférence. Je prie depuis lors les anges, les saints du paradis et dieu de n’avoir pas hérité de cette maladie congénitale. Car y’a rien de pire que l’indifférence.