[NON HAY FRONTERAS EN EL PAÍS DE LA MEMORIA]
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No hay fronteras en el país de la memoria ;
hasta puedo tachar el horizonte, palpar el cielo oscuro
como carbón de minas que me ensucia las manos.
El poema es una tierra sin distinción, donde marzo
es tan prometedor como noviembre y donde las hojas
huelen a “Platino de Dana” en el ropero materno.
Sin embargo, cuando anochece, anochece también
en mis palabras.
Cierro el cuaderno y parto hacia una habitación
con ventana, donde poseo el presente borroneado
como si nunca dejara de llover.
(Los bolsillos llenos de palabras para una luna futura.)
[IL N’Y A PAS DE FRONTIÈRES AU PAYS DE LA MÉMOIRE]
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Il n’y a pas de frontières au pays de la mémoire ;
je peux même rayer l’horizon, palper le ciel obscur
comme du charbon de mine qui me salit les mains.
Le poème est une terre indistincte, où mars
est aussi prometteur que novembre et où les feuilles
sentent « Platino de Dana* » dans la penderie maternelle.
Pourtant, lorsqu’il fait nuit, il fait aussi nuit
dans mes mots.
Je ferme mon cahier et je vais vers une chambre
avec fenêtre, où je possède un présent griffonné
comme s’il ne cessait jamais de pleuvoir.
(Les poches pleines de mots pour une lune future.)
*Marque de parfum. (N.d.t)
Paulina Vinderman, Barque noire | Bote Negro, édition bilingue, Éditions Lettres Vives, Collection Terre de Poésie, 20213 Castellare di Casinca, 2013, pp. 40-41. Traduit de l’espagnol (argentin) et présenté par Jacques Ancet.
PAULINA VINDERMAN
Source
■ Voir aussi ▼
→ le site de Paulina Vinderman
→ (sur A Media Voz) plusieurs poèmes de Paulina Vinderman dits par leur auteure
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