La petite foulque en plein effort
J'étais à Genève il y a quelques jours. Un instant de désœuvrement m'a conduite sur les bords du lac, à l'embouchure du Rhône. A cet endroit, l'eau limpide s'engouffre avec une certaine force vers ce qui va devenir plus loin le grand fleuve qui descend en France jusqu'à la Méditerranée. A cet endroit, tout près de la berge, sous le pont où je me tenais, il y avait peu de profondeur mais quelques blocs de pierre, au fond de l'eau, créaient des remous et un courant. Sur ce déversoir, nageait un petit oiseau. Une foulque exactement. Couleur anthracite, avec des plumes blanches en forme de casquette sur la tête, ce qui lui donnait un air de gamin effronté, elle jouait comme une forcenée avec le remous. De toute sa force, elle essayait de remonter le courant et de franchir l'obstacle immergé. Parfois, elle était presque sur le point de réussir et la victoire toute proche lui faisait redoubler d'efforts et... elle était à nouveau repoussée par le courant. Un moment donné, elle étendit les ailes... oui... allez !... Eh non, avec un petit pouic-pouic, elle reconnut avoir un peu triché. Son objectif était réellement de parvenir à surmonter l'obstacle à la nage. Avec une incroyable persévérance et une ténacité sans égale, chaque fois elle recommençait. De temps à autre, elle plongeait pour butiner une vague algue sur les cailloux du fond. En remontant, l'eau miroitait un bref instant sur ses plumes hydrofuges. Elle secouait la tête et se remettait à son jeu épuisant.
Encore perdu...
Je suis restée longtemps à regarder cette petite foulque. J'ai même pris deux photos avec mon téléphone, que vous pouvez voir ci-dessus... Je l'encourageais silencieusement, retenant mon souffle à chaque tentative et souriant à sa défaite pour la consoler. D'un coup, elle en eut assez et disparut derrière une pile du pont. Je repris ma promenade, amusée et heureuse de cette éphémère rencontre.