Magazine Journal intime

J'ai survécu à une attaque de fraises (et non de clones)

Publié le 15 juin 2013 par Anaïs Valente

Et c'était pas des fraises de Wépion.

Me vlà en train de zoner dans la cuisine, à la recherche d'un truc à manger.  J'ai faim sans avoir faim.  Mon plan de travail est envahi d'une part par la vaisselle propre qui sèche depuis 48 heures, d'autre part par la vaisselle sale qui s'empile depuis les mêmes 48 heures.

Pas envie de commander un truc, pas tentée par les pizzas grasses en ce moment je dois dire.

Pas envie de préparer un truc, trop la flemme.

J'analyse le contenu de mon congélateur, savamment listé sur un tableau effaçable (une de mes seules maniaqueries, avec celle de passer la vitre de ma douche à la raclette après chaque effusion d'eau).  Rien ne me botte.

J'ouvre le frigo et j'inspecte.

Un reste de concombre encore comestible, bien, ça sera parfait demain en salade, avec un bout de bidoche.

Un petit suisse orphelin, abandonné par les cinq autres, qui ont trouvé refuge dans mon estomac.

Trois oranges de montagne, trois pommes, trois poires, pour une future salade de fruits jolie jolie jolie.

De la mayo.  De la sauce cocktail.  De la moutarde.  De la moutarde.  De la moutarde.  Nan chuis pas fada de moutarde, juste que j'en ai acheté un pot et reçu deux.

Une vieille compote reçue chez Quick (rha, un Giant, là, tout de suite, je me damnerais pour un Giant, faut que j'investisse dans une voiture, ça me permettra d'aller au Quick à toute heure).

Deux bouteilles de bière périmées, que je dois vider et jeter depuis des mois.

Une bouteille de rosé en attente d'être bu.

Divers breuvages genre eau, coca light, sans grand intérêt.

Ben c'est à peu près tout. 

Ce frigo est un drame dramatiquement dramatique.  Je me sens l'âme d'une Bridget Jones, car je sais que j'ai de la Haagen Dasz au congel, je pourrais souper avec ça, en chantant all by myself, mais je me sens d'humeur joyeuse, donc all by myself c'est bof quoi, note que cette scène me fait mourir de rire.

Aaaah, tiens, là-haut, des fraises.

Plus très en forme, les fraises.  Y'en a une qui vire vers le brun, comme si elle avait pris un coup de soleil, et une autre qui se couvre de poils, comme par un excès de testostérone.

Je les inspecte.  Bah, je les mettrai dans ma salade de fruits (pas la basanée et le mec of course).  Demain, la salade de fruits, avec les croissants et l'orange pressée, petit-déjeuner, au soleil, avec un livre, moment de plénitude.

Je les redépose donc à leur place dans mon frigo, tout en haut, décidant de zapper l'épisode "souper", toute façon j'ai pas spécialement faim, je vais manger une main et garder l'autre pour demain et basta.

Sauf qu'elles refusent d'y rester, à leur place, les fraises vilaines pas belles. 

Leur barquette bascule.

Je la rattrape mais heurte dans la foulée le bocal de sauce cocktail, en verre (d'habitude je prends des squeeze mais là y'avait pu, la faute à cette unique journée caniculaire de début mai, quand tous les fans de barbecue ont acheté mes potentiels squeeze, m'obligeant à opter pour du verre – information sans intérêt, mais indispensable à l'intrigue).

Le bocal dégringole et je le vois déjà explosé sur le carrelage, avec de la cocktail perce estomac partout partout (ouais, la cocktail avec bouts de verre inside, ça perce l'estomac, essayez, vous verrez).

Je le chope au passage, le bocal, dans un réflexe incroyable, et le propulse côté frigo, où il retombe, en totale sécurité.

Ouf.

Sauf que la barquette de fraises fait encore des siennes.  Elle ne tombe pas, mais se met de biais, propulsant alors les fraises vers ma tête, dans un bombardement hystérique.  Et ben, se ramasser dix fraises sur la tronche, c'est particulier comme sensation.  Et surprenant.  Bon, la fraise étant par nature molle, je ne suis pas blessée.  Juste morte de rire.  Et puis ça aurait été pire avec des châtaignes, des pastèques ou des cailloux, c'est clair (note que j'ai jamais de barquette de pastèques ou cailloux dans mon frigo, ouf).

Mais diantre, comme c'est agressif, ces petites bêtes-là.

Demain, je m'achète des framboises, avec l'espoir qu'elles soient plus dociles.


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