Au bout de deux ans, malgré deux livres adultes et deux romans-jeunesse, j’ai dû me rendre à l’évidence, ça ne fait pas vivre sa femme.
Depuis, beaucoup d’encre a coulé, l’ordinateur a remplacé la machine à écrire, mais jamais depuis je n’ai été aussi assidue à l’écriture. Pas plus de quatre heures dans une journée et pas plus de trois jours de suite. Pas assez seule, pas assez persévérante, pas assez convaincue, pas assez de publication, pas assez d’encouragement, même de ma part.
Il y a quelques années, ce livre m’aurait jetée à terre, me laissant knockoutée et me garantissant une baisse d’estime de soi à ne plus pouvoir écrire pendant plusieurs semaines, mais aujourd’hui, je sais que je ne serai jamais de ce calibre, je n’ai pas à l’être et je peux admirer sans trop d'envie. Juste le bonheur de lire.
J’ai toujours ce besoin d’écrire, mais je ne crois plus que je vais faire un écrivain de mon moi-même. Je ne cours plus après le temps et au moins, j’ai fait la paix avec cette non-carrière. J’ai accepté de n’être pas ce que je croyais devenir. Je dois admettre qu’écrire, c’est maintenant un loisir, non dans le sens que je le pratique en amateure, mais dans le sens que je n'y passe pas toute la journée ou que je stresse avec la performance et le résultat. Une passion, certes, mais pas un métier. Un peu d’expérience à partager, je me suis promenée dans les chemins de l’auto-édition, de l’édition, de la correction, du montage de livres, mais ma route restera un petit chemin où peu de gens m’auront vu marcher. Comme d'ailleurs des dizaines, voire des centaines d’auteurs québécois, à voir les noms sur les épines des livres dans une bibliothèque ou une librairie.
Une route qui m’a menée à accepter qui je suis, ni plus ni moins. À en être fière, sans ajouter « malgré tout ». Pas du tout celle que je croyais devenir, mais qui devient ce qu’il voulait devenir à 20 ans? J’espère bien me surprendre encore pendant quelques années.
Et vous, quelle route empruntez-vous?
(Illustration empruntée à l'éditeur Québec-Amérique)