Les FEMEN. Sujet de discussion récurent sur tous les plateaux de télévision, dans tous les repas de famille, devant toutes les machines à café. Vont-elles « trop loin » ? Servent-elles correctement la cause qu’elles défendent ? Partout on s’interroge, on s’offusque, on débat. Jonglant entre l’art et la manière, la fin et les moyens. Bref, partout, on parle. Mais pendant que l’on discute de la forme, elles font.
Elles agissent. Elles interviennent. Elles s’interposent. Loin des salons confinés, des terrasses de café, des éditoriaux mondains, elles démontrent, s’il le fallait, que la notion de courage n’est pas directement corrélée à la possession de gonades mâles. Ainsi exposent-elles leur corps dénudé aux foudres de ceux qui habituellement fustigent le « politiquement correct » mais qui, étrangement, goutent peu aux provocations « patriarcalement incorrectes ».
Car la méthode est crue, directe et virulente : une nudité affichée, assumée, revendiquée et du bruit, du vacarme, du fracas. Soit l’exact opposé de ce que grand nombre de sociétés et de civilisations demande habituellement à une femme. À savoir, qu’elle se cache, et qu’elle se taise. De l’enfance à l’âge adulte, chaque étape de la vie comporte son lot d’avilissements plus ou moins vigoureux. On ne nait pas « sexe faible », on le devient.
Ainsi, la radicalité des FEMEN répond à deux impératifs : l’utilisation des médias toujours friands de scandales et surtout, une situation d’urgence devenue insupportable. 174 femmes mortes sous les coups de leur « compagnon » en 2012 pour le pays des droits de l’homme ; définitivement pas celui du droit des femmes. Des exactions, des discriminations, des violences dans tous les pays du monde, sous couvert de religion, de tradition, d’habitude. Le sexisme est le frère d’un racisme qui transcende les cultures.
D’où l’importance d’un mouvement universaliste créé par des ukrainiennes mais repris par delà les nationalités, et agissant selon un mode opératoire identique selon les pays. Car le droit des femmes n’est pas négociable en fonction d’un certain particularisme régional ou culturel. À Bamako, New-York ou Islamabad, l’impulsion et l’exemple se répand. La fatalité recule à mesure que germe dans les esprits la possibilité de vaincre l’hypocrisie et la peur. L’action reste le seul moyen d’obtenir une prise de conscience salutaire pour une égalité de traitement qu’elles réclament, seules et déterminées, à corps et à cris.
La femme n’est pas l’avenir de l’homme, car le temps de l’homme comme référent est passé.
Guillaume Meurice
20/06/2013