Magazine Enfants
Avant, du temps où j'étais une gentille petite chose docile, je n'aimais pas que ça pète. Quel que soit le sujet, le contexte, qu'il soit professionnel, familial, social.L'orage qui gronde, sourd, menaçant était une terrible source d'angoisse. Il fallait que j'arrive à l'apaiser, à me courber, me contorsionner, absorber toute l'électricité du ciel pour qu'elle ne se déverse pas sur les jolies petites maisons. L'herbe devait rester bien verte et tout irait bien.
Lorsque, malgré tous ces efforts, harassants, épuisants, l'orage éclatait indubitablement, je me retrouvais en état de catastrophe naturelle. Incapable de résister aux flots se déversant, à la tempête destructrice. Du moins, c'est comme cela que je recevait cette eau, mêlée de larmes. Et moi, fragile petit papillon, je restais là, clouée au sol, les ailes trempées par l'échec. L'incarnation de l'impuissance face aux éléments, que je n'avais su contenir. Que j'aurais du contenir.
Je vous entends d'ici. J'entends votre étonnement, ce murmure d'incompréhension. Est-il complètement fou, ce papillon, de penser pouvoir, devoir, empêcher les orages d'éclater ? C'est une chose impossible, contre-nature, et surtout parfaitement inutile.Vous avez raison, c'est si simple, si évident.Oui, je le sais.Maintenant je le sais.
Maintenant, je vois que la plupart des cataclysmes que j'ai vécu n'étaient souvent qu'une bonne pluie d'été. Si je n'avais pas essayé de les contenir, si je les avait acceptés, j'aurai vu qu'ils n'étaient que de simples orages. Un orage ne remet pas en cause l'existence de l'humanité. Mon humanité.Cette eau qui se déverse est bonne, pure, de celles qui rafraîchissent, qui font du bien. Maintenant, je le sais.
Quand l'orage gronde, j'ai toujours peur, je me sens toujours désemparée, je ne suis pas devenue un roc.J'ai simplement appris à me mettre à l'abri et à voir l'arc-en-ciel.Et toi, oui toi, c'est grâce à toi si mes ailes sont si belles, tu as révélé leurs couleurs. Alors, viens. Viens t'abriter avec moi.