Ma journée maudite

Publié le 26 juin 2013 par Anaïs Valente

Hier, j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai pris le taureau par les cornes, et je me suis enfin décidée à aller en ville pour quelques formalités soporifiques.

Mon entourage s'en est vu ravi, car ça fait trois semaines que je dis, chaque jour, "demain je vais en ville", et que chaque demain, j'y vais pas, trouvant toutes les excuses possibles et imaginables : trop chaud trop froid trop de pluie trop fatiguée trop pas envie trop de monde trop de nuages dans le ciel trop d'escargots mouillés sur ma terrasse.

Mais là, je m'y suis fait traîner de force, pas le choix, tu fais tes formalités et après, un repas en guise de récompense.  Le coup de la carotte quoi.

Première étape.  La Ville de Namur, pour changer ma carte d'identité avant le 2 juin.  Ouais, chuis en retard, mais j'ai une excuse, et j'avais envoyé un mail pour signaler que je pourrais pas venir si vite, ce qui a d'ailleurs été fort apprécié, m'a dit la Madame, en me parlant des ceusses qui viennent jamais puis qui piquent une crise pour avoir leur carte d'identité dans la minute, la leur étant périmée depuis cinq ans, mais là ils en ont un besoin urgent pour aller en vacances, ben voyons.  Très gentille, la Madame de la Ville.  Moins gentil, le parc informatique de la Ville, qui est en panne.  Revenez plus tard, ma bonne Dame, au moyen de ce laissez-passer qui vous donnera priorité (youpie).

Seconde étape.  Ma mutuelle, pour y déposer mes 147 attestations de soins donnés et recevoir plein de sousous dans ma popoche.  Fermée, ma mutuelle.  Ah ben j'avais qu'à aller voir les jours d'ouverture, c'est clair.

Troisième étape.  La maison du TEC.  Alléluia, point de grève, c'est un miracle lourdien.  Mais cette foule de petits vieux en file indienne jusqu'au milieu de la route, kekseksa ?  Ah ben c'est l'achat de leur abonnement désormais payant, sacrebleu.  Zont dû venir en car, je vois que ça.  Avec une moyenne de deux minutes par petit vieux, pour autant qu'il n'ait pas la tremblote, j'en ai pour deux heures au bas mot.  Abandon par forfait.

Quatrième étape.  Après l'effort, le réconfort.  Ben oui, même si mes formalités ont été contrariées, j'ai droit à ma carotte hein.  Ben non.  Etablissement fermé pour cause de décès, merci de nous en excuser.

C'est une malédiction, je vois que ça.  Y'a quelqu'un qui manipule sauvagement une poupée vaudou à mon effigie, ma parole.

Alors, pour me consoler, je m'offre un chtit cadeau, une breloque pour mon bracelet.  J'ai pas d'idée de ce que je veux, mais en repérant un petit papillon je me dis que c'est parfait pour célébrer cette journée, un papillon, avec toute sa symbolique.  J'ai pas ma carte d'identité, j'ai pas mes papelards de mutuelle, j'ai pas mes documents du TEC, j'ai pas mangé ce que je voulais, mais j'ai mon papillon.  J'avais envie d'un tatouage, va comprendre pourquoi, j'ai pas (encore) osé, mais j'ai mon papillon.