Magazine Journal intime

Juste avant le bonheur

Publié le 02 juillet 2013 par Anaïs Valente

Le facteur m'a apporté ce livre à 12h58, c'est ce qu'indique le petit papier glissé dans ma boîte aux lettres, que je serrais très fort dans la main en courant après lui pour le rattraper, pieds nus, cheveux au vent, passque j'avais pas été assez rapide pour arriver à la porte d'entrée.  Et il a accepté de me le remettre, sans m'obliger à attendre le lendemain pour aller à la Poste, cette fois en souliers; merci facteur.

A 13h, je commençais "Juste avant le bonheur".

Juste avant le bonheur, pour moi, c'est le moment de grâce, un peu comme juste avant le début d'une relation, tout est possible, tout peut arriver, tout va arriver.  Juste avant. 

Et c'est un endroit où j'aimerais être, Juste avant le bonheur, tout comme là où se situe l'action de ce livre, dans une petite maison nichée au bord de la mer, en Bretagne.  Passque la mer, en ce moment, c'est mon grand fantasme.  Et comme il en faut peu pour être heureux, qu'il suffirait qu'un ours genre Baloo apprivoise le Renard que je suis, et m'emmène Juste avant le bonheur, il m'a fallu deux minutes pour me vautrer dans cet ouvrage dont j'avais eu connaissance en avril dernier déjà, mais dont le titre ne m'a interpelée que la semaine dernière, va savoir pourquoi, y'a pas de hasard.

Et il en regorge, de bonheur, Juste avant le bonheur.  Des petits bonheurs, qui compensent parfois les grands malheurs.  Puis de la douceur.  Des rires.  De la douleur.  Bref, ce qui fait la vie, et que l'auteur parvient à réunir dans une harmonie parfaite, dans une histoire à la fois légère et difficile, pleine de dialogues subtils et savoureux.  La quatrième de couverture dit que l'on passe du rire aux larmes sur la même page, et je confirme.

J'ai senti comme un vent de Ensemble, c'est tout, souffler durant la lecture de ce rassemblement d'âmes tristes, mais si belles.  Julie qui élève seule Lulu, contre vents et marées, puis cette rencontre avec Paul, récemment largué, qui va l'emmener en vacances, comme ça, juste comme ça, pour lui faire du bien, en compagnie de Jérôme, son fils, qui rime avec triste.

Oh oui, Juste avant le bonheur donne envie d'y plonger et d'y replonger, parce que juste avant le bonheur, c'est presque pendant le bonheur, et c'est tellement bon déjà.  Merci Julie, merci Lulu, merci Jérôme, merci Paul, vous êtes mon moment de bonheur du jour.

Et puis, comment ne pas aimer un livre qui donne envie de tirer la langue, pour s'assurer qu'elle est bien en tunnel ?  (Julie, t'entraîne pas, c'est génétique on t'a dit).  Comment ne pas aimer un livre qu'on peut dévorer en mangeant du Nutella, par solidarité, preuve en image ci-dessous ?  Comment ne pas aimer un livre qui donne envie d'être Julie, malgré tout, malgré ça ?  Comment ne pas aimer un livre qui donne envie de regarder les étoiles ?  Et d'aimer ?  Et de l'être ?  Et de Bretagne ?  De Petit Prince ? D'oignons qui font pleurer ? 

Morceaux choisis :

"Un proverbe japonais dit 'le bonheur va vers ceux qui savent rire'".


"Un proverbe arabe dit 'ne baisse pas les bras, tu risquerais de le faire deux secondes avant le miracle'".


"Je veux rester là.

Je veux être un château dans le sable.

Je veux être le sable.

Les mouettes.

La mer.

Les vagues.

Je veux être une vague qui court sur la plage.

Ou alors la plage, et attendre la délicatesse des vagues qui viennent me caresser doucement."

 

"- Il faut savoir pleurer quand c'est vraiment nécessaire.  Pour un oignon, je ne vois pas trop la raison, à moins d'avoir une tendresse particulière pour ce légume et ne pas supporter de le couper en deux. (…)

- C'est juste chimique.  Qu'est-ce que vous allez chercher comme explications bancales ?

- Je vous charrie.  Je n'ai jamais pleuré avec les oignons.  C'est comme ça.  Il y a des gens qui ont une hyperlaxité des orteils, ou d'autres une capacité à tirer la langue en tunnel, et bien moi les oignons ne me font pas pleurer.  Je devrais me faire embaucher dans un restaurant de tartes flambées.  Eplucheuse d'oignons.  C'est un beau métier, ça."

"Il faudrait déjà réussir à trouver le prince charmant.  Dans les jolies histoires, les femmes n'élèvent pas seuls leur enfant, elles ne triment pas toute la journée pour pouvoir survivre.  Dans les jolies histoires, les femmes sont belles, les hommes sont forts, ils s'aiment et la vie leur est douce et bienveillante.  C'est nul, les contes de fées."

 

"Si le goût sucré rassure les nouveau-nés, il doit aussi faire du bien aux malmenés, quel que soit leur âge.  On ne quitte jamais vraiment le pays de l'enfance".

 

"Ce n'est pas de la faute des gens.  Ils ne se fient qu'aux apparences.  Il faut gratter pour voir ce qu'il y a au fond.  Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous à la surface.  Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaître.  Peu à peu, la surface redevient lisse et paisible.  Mais la grosse pierre est quand même au fond.  La grosse pierre est quand même au fond."

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