Coup d’etat en egypte ? était-ce vraiment une démocratie ?

Publié le 04 juillet 2013 par Neoafricain

Le Chef d’Etat-major des forces militaires égyptiennes a suspendu la Constitution, contrôlé les médias et arrêté le Président en exercice pour remettre le pouvoir à des personnalités qu’elle choisit. C’est la définition même du Coup d’Etat.

Sauf que les définitions les plus parfaites et les concepts les plus justes souffrent toujours de cas exceptionnels qu’il faut tenter de comprendre.

S’il est indéniable que le Président MORSI a bénéficié de ce printemps arabe qui a balayé le pouvoir de MOUBARAK et abouti par un vote en sa faveur l’année dernière, la légitimité de son pouvoir a été profondément contestée. Des millions et des millions d’Egyptiens dans la rue, l’opposition systématique de l’appareil judiciaire, la mise en berne de l’armée, la mise au pas des opposants laïcs, l’incarcération systématique des représentants de l’ancien régime,... Tout ceci, sans littéralement écorner la légalité du pouvoir de MORSI, avait profondément affecté sa légitimité. Ce qui permet de regarder avec plus d’acuité la « démocratie » telle qu’exercer par le pouvoir qui a chuté cette nuit au Caire.

La démocratie, ne réside pas seulement dans l’organisation d’élections libres et transparentes. C’est un point crucial, mais certainement pas suffisant. Un Etat de droits, c’est aussi le bon fonctionnement des quatre pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire et médiatique), c’est aussi l’écoute permanente du peuple, non pas que la rue doit faire la loi, mais aucun pouvoir ne devrait rester insensible à l’opposition de dizaines de millions de manifestants. Ce qui est la directe traduction du mot « démocratie ». De Gaulle (oui, je sais encore lui) avait prévu cette voie de sortie en reconnaissant l’importance du référendum. Sur base de ces éléments, il est évident que le pouvoir des Frères Musulmans n’était en soit pas « démocratique », ce qui légitime donc indirectement le coup de force des militaires, largement soutenu, réclamé et ensuite applaudi par la rue.

A cela, j’ajouterai que l’intérêt supérieur de la nation doit toujours dépasser le régime en place même bien élu. J’avais dans ce blog signalé mes réticences à soutenir la chute totale du régime MOUBARAK. Pour des raisons géopolitiques et pour ne pas sombrer dans une totale islamisation telle que voulue par les frères musulmans. Donc, je ne vais certainement pas regretter MORSI. Mais on le sait, les pays arabes souffrent de tellement de maux qu’il peut y avoir des conséquences douloureuses en Egypte et ailleurs à l’éviction des frères musulmans. Heureusement que le nouveau pouvoir semble (on le verra avec le temps) laisser une grande place à l’opposition civile et garder une certaine légalité en remettant le pouvoir à un civil, le Chef de la Cour Constitutionnelle.

Pour toutes ces raisons, tout en approuvant plutôt ce qui s’est passé hier dans les pays des pyramides, je pense surtout que des actes de ce genre doivent rester exceptionnels et ne se produire qu’en tout dernier ressort.